Le virus de l’hépatite C n’attaque pas que le foie
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Les traitements de l’hépatite C sont-ils suffisants pour empêcher les complications extra-hépatiques ?

Les nouveaux traitements dont nous disposons depuis deux ans ont révolutionné la prise en charge de l’infection par le virus de l’hépatite C. Auparavant, le traitement durait un an et reposait sur des combinaisons de piqûres d’interférons et de comprimés de ribavirine, entraînant souvent des effets indésirables et une tolérance médiocre. On guérissait ainsi 40% des patients. De nombreuses manifestations extra-hépatiques du virus C étaient également sensibles à ces traitements mais avec les mêmes difficultés de tolérance. Les traitements très récents guérissent plus de 90% des patients. Outre le fait qu’ils soient beaucoup plus efficaces, ils sont aussi plus courts et bien supportés. C’est pourquoi on peut maintenant se permettre de traiter les patients dans le but d’améliorer non seulement le foie, mais aussi le cœur, le système cérébro-vasculaire, les reins et certains troubles métaboliques.

Il est encore trop tôt pour connaître leur efficacité réelle sur les complications extra-hépatiques, mais on commence à les proposer à des sujets dont le virus n’est pas toxique pour leur foie mais à risque pour leur santé cardiovasculaire ou rénale par exemple.

Ces nouvelles indications n’ont pas encore été toutes intégrées dans les recommandations. Officiellement en France, les traitements sont destinés aux patients à virémie positive et présentant des lésions hépatiques importantes (cirrhose) et prioritairement en cas de lymphome, de vascularite ou de greffe de foie. Mais les recommandations changent vite : par exemple, la fatigue induite par le virus est déjà un critère de traitement selon les dernières recommandations européennes.

Existe-t-il des recommandations en matière de prévention ?

La prévention consiste à limiter la transmission du virus et à améliorer le dépistage. La contamination se fait par le sang. Les risques sont principalement liés à la toxicomanie intraveineuse, au partage de seringues, à la transfusion sanguine avant 1989, aux piercings et tatouages avec ulcérations cutanées….

Concernant le dépistage, il doit être très large, au regard des nombreuses complications potentielles (foie, cœur, vaisseaux, reins, système lymphatique, cerveau…) et de l’efficacité des traitements actuels : tout le monde devrait se faire dépister au moins une fois. Il suffit de demander à son médecin de prescrire un dépistage.

En France, on estime que 35% des personnes infectées ne le savent pas. C’est très regrettable, car dans notre pays nous pouvons avoir accès tôt aux nouveaux médicaments. La prise en charge se déroule dans des centres experts, spécialisés dans la prise en charge des hépatites et de leurs complications extra-hépatiques.

* Pr Patrice Cacoub, Professeur de Médecine Interne, Département de Médecine Interne et Immunologie Clinique, Hôpital La Pitié-Salpêtrière et Université Pierre et Marie Curie, Paris.

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Source : En collaboration avec Patrice Cacoub, Professeur de Médecine Interne, chef de service à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, intervenant à la Sorbonne Universités et à l’Université Pierre et Marie Curie.