Sommes-nous tous toc ? De nos petites manies aux troubles obsessionnels compulsifs

Se laver les mains jusqu'au sang, compter sans cesse les carreaux de la salle de bain, répéter le même mot à l'infini, tels sont les actes stéréotypés et exagérés d'un « toc ». Rassurez-vous, entre les troubles obsessionnels compulsifs et nos petites manies, il y a un monde.

« J'aime que les piles de livres ou de vêtements soient parfaitement alignées. Je prends toujours le temps de bien les ranger », avoue Dominique, 27 ans. Pour Anne-Marie, 45 ans, ses petites manies s'exécutent dans les éviers : « Je ne supporte pas la moindre goutte d'eau. Je nettoie jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus une seule ». Sophie, 18 ans, ne va jamais à un examen sans une petite médaille : « Je sais qu'elle m'aide ! ».

Toutes des Tocs ? Pas si vite.« Le toc est l'exagération d'un phénomène normal, explique Alain Sauteraud, psychiatre. Le seuil qui délimite la maladie, c'est une heure par jour. Au-delà, il y a un retentissement sur la qualité de la vie ». C'est ainsi que 2% de la population est atteinte. Dans la plupart des cas, cette maladie psychique se déclare à l'adolescence, rarement après 25 ans.

Les rituels pour chasser les obsessions

Les troubles obsessionnels compulsifs se caractérisent d'abord par l'obsession. « Le malade est obsédé par la crainte de provoquer un dommage s'il n'y prend pas garde », précise le psychiatre. La peur de souiller et de commettre des erreurs représente 80% des cas. Les autres qui redoutent d'être violents par inadvertance, de provoquer des malheurs, de dire des obscénités en public… sont superstitieux ou ont peur du scandale. Et tout peut se mélanger.

Vient ensuite la compulsion : « c'est un rituel pour chasser l'obsession, note Alain Sauteraud. Il est donc en lien logique avec elle ». On se lave, on vérifie, on conjure ainsi plusieurs heures par jour.Si les causes (le déclencheur) de la maladie sont inconnues, certains facteurs sont eux identifiés. Ils sont biologiques (une zone du cerveau est concernée), psychologico-éducativo-culturelles (si votre mère lave 20 fois le sol, vous serez vulnérables au TOC) ou génétiques (si votre jumeau présente des signes, vous avez plus de chance d'avoir vous-même un TOC).

Une guérison sous médicaments

Mauvaise nouvelle : « La guérison totale ne touche que très peu de gens ! », souligne Alain Sauteraud. Il y a toutefois deux types de traitement. Une prise de médicaments, de la famille des antidépresseurs, peut diminuer les symptômes. Elle dure 1 à 2 ans, mais selon le psychiatre elle est souvent suivie de rechute à l'arrêt du traitement. Deuxième solution pour s'en sortir : la psychothérapie comportementale et cognitive. « Il s'agit de faire des petits exercices quotidiens pour contrarier les rituels », commente Alain Sauteraud. Si vous vous lavez les mains jusqu'au sang selon un rituel très précis, vous modifiez la séquence. Le psychiatre vous donnera des objectifs à atteindre pour diminuer la répétition des troubles. Le rôle de l'entourage est important pour s'en sortir : il faut être compréhensif et encourager le malade.

A lire

« Je ne peux pas m'arrêter de laver, de vérifier, de compter », de Alain Sauteraud, éd. Odile Jacob.

Sur Internet

AFTOC, Association française des malades atteins de troubles obsessionnels compulsifs

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