Sexsomnie : la sexualité somnambule
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Comment agir avec un sexsomniaque ?

Certaines personnes sexsomniaques sont faciles à repousser et n’insistent pas. Mais, comme pour un somnambule, il peut être extrêmement difficile de réveiller un sexomniaque, même en employant la force. C’est plus aisé en cas de masturbation où la personne se réveille, incrédule lorsqu’on lui raconte ses agissements (elle n’a pas forcément de rêves érotiques à ce moment-là). L’étonnement est similaire chez les hommes somnambules qui se réveillent en plein milieu d’un rapport sexuel. Certains reviennent à la conscience très vite, d’autres restent violents pendant plusieurs minutes lors de la reprise de conscience.

Pr Arnulf : « Dans la sexsomnie, la caractéristique majeure est que la personne sexomniaque est endormie, avec une conscience moindre. Cela peut aboutir à des violences sexuelles nocturnes (assaut du partenaire, pénétration ou tentatives de pénétration violentes…). Dans cet état de sommeil, ces personnes sont amenées à leur insu à avoir des comportements violents sur le conjoint, qu’elles n’auraient jamais eu éveillées. Ce dernier a beau se débattre, protester, le sexomniaque est difficile à réveiller. La confusion est augmentée si la personne a consommé de l’alcool ou du cannabis, avec dans ces cas-là, des conséquences médico-légales plus fréquentes ».

Sexsomnie, pourquoi se soigner est essentiel ?

Cela dépasse le cadre de la sexualité. Lorsque la violence apparaît, il faut consulter pour sexsomnie. Les comportements du sexsomniaque sont parfois très violents, avec des blessures morales et physiques graves nécessitant parfois une hospitalisation chez le conjoint. Une personne sexomniaque, surtout lorsqu’il s’agit d’un homme, doit être repéré et soigné afin de préserver de viol ou d’acte inapproprié toute personne qui dort sous le même toit, dont les enfants.

Un homme souffrant de sexsomnie, ayant eu des gestes ou une activité sexuelle pendant son sommeil doit consulter pour être diagnostiqué à l’aide de questionnaires et d’un enregistrement vidéo-polysomnographique en laboratoire du sommeil. Les spécialistes du sommeil ont d’ailleurs des questionnaires et des analyses pour repérer les faux sexsomniaques, auteurs de réelles agressions sexuelles qui veulent échapper à la sentence.

Des traitements médicamenteux existent (paroxétine, clonazépam etc.) dans la sexsomnie, très efficaces, à prendre à vie en continu ou ponctuellement lors de sommeil en collectivité par exemple : ils réduisent les réveils partiels en sommeil lent profond et peuvent diminuer aussi les érections pendant la durée du sommeil. Il n’y a malheureusement pas encore de thérapie cognitive ou de psychothérapie qui permette d’atteindre ces comportements amnésiques, même si l’hypnothérapie peut aider les somnambules en général.

Pr Arnulf : « Des couples vivent de véritables enfers : le sexomniaque vit dans une très grande honte d’un comportement qu’il ne peut maîtriser (avec parfois des tentatives de suicide du fait des reproches du conjoint) et les deux partenaires vivent dans la crainte de ce qui peut se passer la nuit. En cas de sexsomnie avérée ou suspectée, les enfants doivent être éloignés la nuit pour éviter les abus sexuels. La personne doit prendre la précaution de ne pas dormir avec un enfant et consulter un médecin du sommeil. En règle générale, le voisin de lit est le plus à risque mais la personne sexomniaque peut, très rarement, se déplacer, comme un somnambule. C’est pourquoi la prévention est vitale en collectivité. La jeune génération, habituée à partager le même lit ou un espace restreint en toute amitié, à l’occasion de camping (un somnambule peut ouvrir un sac de couchage même remonté jusqu’au cou), de locations saisonnières partagées, d’un hébergement amical ponctuel… c’est à ces occasions que les drames arrivent ».

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Source : *International classification of sleep disorders 2005 et 2014.
D’après un entretien avec le Pr Isabelle Arnulf, chef du Service des pathologies du sommeil (Département R3S, Centre de référence national : narcolepsie, hypersomnie et syndrome de Kleine-Levin, Hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris)