Quelles seront les allergies alimentaires de demain ?
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Les aliments changent… les allergies suivent

De la même façon, « la tendance au « sans gluten » (celui-ci figurant sur la liste ADO) et donc aux farines de substitution a fait émerger des allergies au sarrasin, autrefois peu consommé en France, mais désormais en force » explique le Docteur Jean-Marie Renaudin, allergologue et Président du réseau d’Allergo-Vigilance® (RAV). « Cette allergie au sarrasin a même pris une certaine ampleur puisqu’elle est devenue rapidement aussi fréquente que l’allergie au sésame (présent sur la liste ADO), tout en ne figurant pas encore au nombre de ces allergènes « officiels ». Et nous avons observé le même phénomène avec les laits de petits mammifères (brebis et chèvre, également absents de la liste ADO) : l’allergie à ceux-ci était autrefois très souvent associée à celle au lait de vache, mais on la recense aujourd’hui plus fréquemment isolée, suite à l’arrêt de plus en plus courant de consommation du lait de vache… ».

Une surveillance de chaque instant

D’où l’intérêt d’une vigilance permanente, mission du RAV® (www.allergovigilance.fr), réseau francophone créé en 2001 qui permet, grâce aux médecins allergologues, de recenser les cas d’anaphylaxie sévère, et de suivre, avec une vraie réactivité, l’émergence de nouvelles allergies alimentaires.

Cette surveillance concerne en particulier les nouveaux ingrédients comme la luzerne, la graine de Chia, autorisée depuis peu, et bientôt les protéines d’insectes. Devons-nous nous pour autant estimer que toutes les nouvelles protéines sont potentiellement dangereuses ? « Non : chez les végétaux, la plupart d’entre elles sont facilement dégradées par la cuisson et/ou la digestion, voyant ainsi leur potentiel allergisant diminuer » explique le Dr Renaudin. Les protéines les plus « à risques » sont celles dites « de stockage » (comme celles par exemple que contiennent les oléagineux, permettant de stocker les graisses). Finalement tout dépend de la protéine ET du mode alimentaire (dans le pays d’origine et une fois introduit en France) : mais certains aliments « attendus comme allergisants » se révèlent en réalité à faible risque, comme la moutarde, récemment innocentée, ou le quinoa. Il est donc important non seulement de faire un travail d’observation, mais également de compréhension, grâce aux outils de la biologie moléculaire, afin de repérer les protéines les plus allergisantes. Et bien sûr, de faire évoluer régulièrement la liste ADO, qui mériterait d’être remise à jour régulièrement en fonction de ces données.

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Source : D'après des entretiens avec le Docteur Etienne Bidat, allergo-pneumologue à l’Hôpital Ambroise Paré (Boulogne) et créateur du site allergienet.com ; et avec le Docteur Jean-Marie Renaudin, allergologue et Président du réseau d’Allergo-Vigilance® (RAV)