Quel est le rôle de la flore intestinale dans la maladie de Crohn ?
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Peut-on agir sur le microbiote pour améliorer la maladie de Crohn ?

Dr Harry Sokol : « Ce domaine est encore principalement au stade de la recherche. Mais au vu des éléments dont on dispose aujourd’hui, et sachant que le microbiote joue un rôle important pour notre physiologie en général, il n’est pas étonnant que son altération ait un retentissement en terme de maladies, et notamment de maladies intestinales.

On a notamment observé dans les maladies inflammatoires comme la maladie de Crohn, que le microbiote est anormal dans sa composition bactérienne, certaines bactéries étant en quantité plus importante au détriment d’autres. Or ces bactéries surnuméraires ont plutôt une activité pro-inflammatoire, tandis que celles en diminution sont plutôt anti-inflammatoires. »

C’est ainsi que des stratégies thérapeutiques ont été imaginées pour essayer de corriger ce type de déséquilibre bactérien dans l’intestin. Par exemple, certaines suggèrent d’amener dans l’intestin le type de bactéries manquantes, d’autres de recourir à la transplantation de flore (de selles provenant d’un donneur). Des expérimentations sont actuellement en cours. Une autre stratégie à l’étude vise à identifier les molécules produites par les bactéries de l’intestin ayant des propriétés anti-inflammatoires, afin de les utiliser ensuite comme des médicaments.

Quels sont les résultats et les recommandations alimentaires actuelles ?

Il n’existe pas à ce jour de recommandation alimentaire spécifique dans la maladie de Crohn. Concernant les probiotiques, beaucoup d’études sont menées, car il existe potentiellement un marché important. Mais aucun des probiotiques classiques (ferments lactiques) n’a montré d’efficacité claire dans les études humaines. Seuls deux probiotiques se sont accompagnés d’un petit effet dans la forme minime de la rectocolite hémorragique. Mais à ce jour, les preuves sont insuffisantes pour qu’ils soient utilisés à la place des traitements classiques dans les maladies chroniques inflammatoires de l’intestin (MICI).

Cela dit, il n’est pas exclu que dans les années à venir, on arrive à mieux comprendre l’effet de l’alimentation sur le microbiote et les conséquences en santé. On pourrait imaginer des probiotiques de nouvelles générations qui proviendraient de l’intestin (et non plus du lait comme actuellement) et sélectionnés pour leurs propriétés anti-inflammatoires.

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Source : En collaboration avec le Dr Harry Sokol, gastro-entérologue à l’hôpital Saint-Antoine et chercheur Inserm U1057 et Inra.