Quand les règles sont douloureuses...
Sommaire

Pourquoi les règles douloureuses sont surtout constatées chez les jeunes filles et moins chez les femmes plus mûres ?

Dr David Elia : on n'en sait rien. On remarque simplement que les douleurs des règles ont tendance à passer avec le temps. Auparavant on disait qu'elles disparaissaient après le mariage car les filles se mariaient tôt. Mais maintenant qu'elles se marient plus tard, on constate qu'il s'agit plutôt d'une question de temps. Il est vrai que les grossesses accélèrent la disparition des douleurs des règles mais le temps aussi. Mais si vers 25-28 ans les dysménorrhées primaires se tassent généralement, d'autres femmes les conservent toute leur vie, qu'elles accouchent ou non. Toutefois ce phénomène est plutôt rare.

Les dysménorrhées secondaires

Le deuxième cas de figure est ce qu'on appelle les dysménorrhées secondaires. Elles sont secondaires à quelque chose qui n'est pas normal. La grande maladie responsable est l'endométriose. Ainsi, les jeunes filles qui ont une endométriose présentent une dysménorrhée dite secondaire. Toutefois, comme elles ont 16 ans, on ne va pas investiguer et faire le diagnostic. L'autre cas est celui d'une femme ayant tellement mal qu'on entreprend des investigations, comme une cœlioscopie, laquelle mène au diagnostic d'une endométriose. Dès lors qu'elle est traitée, la personne n'a, en principe, plus mal.

L'endométriose

Ce sont des petits bouts de muqueuse utérine qui se trouvent à des endroits où ils ne devraient pas être, comme sur les ovaires, les trompes ou les ligaments qui attachent l'utérus aux structures avoisinantes. A chaque règle, ces petits morceaux de muqueuse se mettent à saigner, dans le ventre, ce qui fait extrêmement mal. A noter que c'est aussi une cause de stérilité. Ainsi l'endométriose se découvre plus souvent chez les femmes plus âgées, parfois chez une femme qui a mal pendant les règles, mais aussi pendant les rapports (elle a mal dans le fond du ventre) et qui n'arrive pas à avoir de bébé. L'endométriose est diagnostiquée par cœlioscopie. Idéalement, une fois traitée, la femme n'a plus mal durant ses règles, ni pendant les rapports et peut être enceinte.

L'adénomyose

Il existe également beaucoup de douleurs de règles qui reviennent vers 45-50 ans. La plupart du temps, on retrouve une forme spécifique de l'endométriose qui s'appelle l'adénomyose. C'est la colonisation du muscle de l'utérus par l'endométriose. Lorsque les règles arrivent, ça fait mal. Cette adénomyose est donc une cause fréquente de douleurs de règles secondaires chez les femmes de 40 à 50 ans, avant la ménopause.

Quelles solutions peut-on proposer contre les douleurs des règles ?

Dr David Elia : les douleurs des règles constituent un phénomène socialement banal mais embêtant. Si la dysménorrhée est identifiée comme secondaire, on trouve généralement des solutions. Mais le plus souvent on ne fait pas d'investigations (échographie, examen gynécologique, cœlioscopie) car elles seront négatives, reflétant une dysménorrhée primaire.En revanche, lorsque par exemple une femme qui n'avait plus mal depuis plusieurs années souffre à nouveau, on soupçonne une endométriose et on réalise alors des investigations.

Traitements

Côté traitement, il existe plusieurs cas de figure. S'il s'agit d'une jeune fille qui a besoin d'une contraception, on lui propose la pilule. En effet, dans 90% des cas, la pilule estroprogestative (la plus classique), quel que soit son dosage, entraîne la cessation définitive des douleurs pendant les règles. Le mécanisme n'est pas connu. On suppose que comme les règles sont moins abondantes avec les pilules, les contractions pour évacuer le sang sont moins puissantes et font donc moins mal. Il semblerait également que la dysménorrhée nécessite une ovulation inhibée par la pilule diminuant alors la production de prostaglandines.

Anti-inflammatoires

Dans les 10% des cas résiduels, on prescrit en première intention des anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, acide mefenamique - Ponstyl®…). A noter qu'aujourd'hui il existe des ibuprofènes extrêmement plus rapides d'action (10 à 15 minutes). L'aspirine est à éviter dans ces cas-là et le paracétamol, pourtant très largement utilisé dans cette indication, ne me semble pas la bonne molécule à utiliser. Dans les conditions où rien n'y fait, et même chez les jeunes filles qui ne souhaitaient pas à l'origine de contraception, on réalise alors des investigations et on retrouve parfois des causes secondaires, le plus souvent une endométriose.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source : * Le Dr David Elia est gynécologue, rédacteur en chef du magazine GENESIS, leader de la presse gynécologique, publie régulièrement dans les revues scientifiques et est l'auteur de plus de 35 livres grand public. Il a également créé un site internet à destination des femmes : www.docteurdavidelia.com. Et enfin, le Dr David Elia est membre du comité scientifique d'e-sante.