Alimentation : 6 résidus de pesticides sur 10 seraient des perturbateurs endocriniens ?

L’association Générations Futures publie une enquête qui accuse une majorité des résidus de pesticides présents dans l’alimentation d’être des perturbateurs endocriniens. Le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France juge cette étude "fantaisiste".
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"Notre travail montre que plus de 6 résidus de pesticides sur 10 quantifiés dans l’alimentation européenne sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens." C’est ce qu’affirme l’association Générations Futures dans un compte-rendu publié le 4 septembre 2018. Ce rapport est celui du 10e volet de l’enquête EXPPERT (pour EXposition aux Pesticides PERTurbateurs endocriniens) que Générations Futures réalise depuis cinq ans.

Une contamination alimentaire par les perturbateurs endocriniens

Pour tirer cette conclusion, l’association a analysé les données publiées en juillet 2018 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur les résidus de pesticides contenus dans l’alimentation. Sur les 109 843 résidus de pesticides quantifiés au total, Générations Futures a calculé que 69 433 d’entre eux étaient des perturbateurs endocriniens (PE) suspectés. "Ce total de résidus de pesticides PE suspectés représente 63,21% de tous les résidus de pesticides quantifiés par l’EFSA, soit plus de 6 sur 10 ! La contamination alimentaire par les pesticides est donc très largement une voie de contamination par les PE !" clame l’association. Forte de ces analyses, elle demande donc la mise en place d’"actions prioritaires pour conduire à la disparition à terme de ces pesticides PE de notre agriculture et de notre alimentation" et d’une "vraie logique de prévention passant par la disparition des pesticides PE avérés, probables et suspectés".

Une étude "fantaisite" issue d’une lecture "partiale et partielle"

De son côté, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France qui rassemble des maraîchers et arboriculteurs juge "fantaisiste" l’étude de Générations Futures et appelle à la prudence. Il considère en effet que l’étude s’appuie sur "une lecture partiale et partielle du rapport de l'EFSA" et "sur une liste erronée de substances considérées comme perturbatrices endocriniennes pour dénoncer telle ou telle molécule" alors que la liste des molécules remplissant les critères de perturbateurs endocriniens n’est pas encore établie par les instances compétentes.

Aussi, dans son communiqué publié le 4 septembre 2018 suite au rapport d’enquête de l’association, ce collectif rappelle que selon l’EFSA, les fruits et légumes consommés par les Européens "sont en grande partie exempts de résidus de pesticides ou en contiennent dans les limites légales". Il ajoute que ces données sont "rassurantes à l'opposé de ce que souhaite nous faire croire l'association militante Générations Futures" et s’inquiète des conséquences sanitaires d’un tel message : "A l'heure où la consommation de fruits et légumes baisse dangereusement en France et a des conséquences graves sur la santé de nos concitoyens (obésité, maladies cardio-vasculaires, etc.), les associations environnementalistes doivent se poser la question de la responsabilité de leur communication anxiogène. Le vrai risque avéré par l'ensemble de la communauté médicale est la sous-consommation de fruits et légumes qu'ils soient conventionnels ou bio" déplore en effet le communiqué du Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France.

Perturbateur endocrinien, une définition controversée

Actuellement, la définition même du terme perturbateur endocrinien est contestée par plusieurs associations environnementales. Selon l’Union Européenne qui a modifié sa réglementation en avril 2018, une substance est considérée comme un perturbateur endocrinien si elle présente un effet indésirable chez un organisme intact ou ses descendants, si elle altère la ou les fonctions du système endocrinien et si l'effet indésirable est une conséquence du mode d'action endocrinien. Les substances suspectées d’être des perturbateurs endocriniens contenues notamment dans les herbicides et les pesticides sont par exemple le glyphosate, le biphényle, la nicotine ou encore le propanil.

Vidéo : Pesticides : les fruits et légumes les plus contaminés

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Source : Enquête EXPPERT 10 : des pesticides perturbateurs endocriniens dans l’alimentation des européen.nes. Générations Futures, 4 septembre 2018
Résidus de pesticides : une étude "fantaisiste" d’une association militante. Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France, 4 septembre 2018
The 2016 European Union report on pesticide residues in food. Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), 25 juillet 2018
Règlement (UE) 2018/605 de la commission du 19 avril 2018 modifiant l'annexe II du règlement (CE) no 1107/2009 en établissant des critères scientifiques pour la détermination des propriétés perturbant le système endocrinien, Journal Officiel de l'Union Européenne