Don du sang : bientôt un sang universel ?

Des chercheurs annoncent avoir identifié une protéine capable de transformer les groupes A, B et AB en groupe O. Cela pourrait ouvrir la voie à la fabrication de sang universel.
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A+, O-, AB+, B-… Bientôt la fin des groupes sanguins ? Des chercheurs de l’université de la Colombie Britannique (Canada) ont présenté leurs travaux le 21 août 2018 à Boston (Etats-Unis) lors de la 256e réunion nationale de l’American Chemical Society (ACS). Ils annoncent avoir identifié des enzymes – des protéines capables d’activer ou d’accélérer des réactions biochimiques - présentes naturellement dans l’intestin humain et capables de transformer un groupe A, B ou AB en groupe O.

Couper les étiquettes A, B et AB

Ce qui fait la nouveauté dans ses travaux, c’est que les enzymes identifiées ici seraient 30 fois plus efficaces que les autres enzymes candidates sélectionnées par le passé pour effectuer cette même transformation. L’enzyme présentée ici est issue d’une bactérie intestinale capable de couper des molécules de sucre présents dans la muqueuse de l’intestin.

Concrètement, comment ça se passe ? Le groupe sanguin de chaque personne est déterminé par des antigènes, des sucres fonctionnant comme une sorte d’étiquette présente à la surface des globules rouges. Il s’agira par exemple des antigènes A, pour les personnes de groupe sanguin A. En parallèle, dans le sang, des molécules du système immunitaire, appelées anticorps, sont dirigées contre les antigènes différents du groupe de l'individu. Ainsi, une personne du groupe A possède des anticorps contre le groupe B pour identifier comme étrangère toute cellule qui porterait un antigène B. Elle ne peut donc pas recevoir de sang du groupe B ou AB. A l’inverse, une personne du groupe B possède des antigènes B sur ses globules rouges et des anticorps contre les antigènes A dans son sang. Une personne du groupe AB possède les deux antigènes et aucun anticorps tandis qu’une personne du groupe O possède aucun antigène mais des antigènes contre A et B. Ainsi, le groupe AB est receveur universel et le groupe O donneur universel.

L’enzyme présentée par les chercheurs canadiens supprime les antigènes A et B sans abîmer les globules rouges. En clair, elle transforme des globules rouges étiquetés groupe A, groupe B ou groupe AB en globules rouges O, faisant de tous les groupes sanguins des donneurs universels potentiels.  Une possibilité qui résoudrait les problèmes de pénurie de sang

Pas de sang universel avant une validation scientifique

Les auteurs de ces travaux se montrent très enthousiastes concernant l’enzyme qu’ils ont identifiée : "Je suis optimiste sur le fait que nous avons un candidat très intéressant pour ajuster le sang donné  à un groupe sanguin commun" déclare ainsi le docteur Stephen Withers qui a participé à ces recherches dans un communiqué de l’ACS. Reste à savoir si cette technique est réellement applicable et ne possède pas de risque pour la santé du receveur. Pour cela, les scientifiques devront faire valider et publier leurs travaux dans une revue scientifique et mener des essais cliniques dans les mois et les années à venir. Il faudra donc un peu de temps avant de voir réellement circuler du "sang universel" dans les centres de transfusion.

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Source : Gut bacteria provide key to making universal blood. Communiqué de l'l’American Chemical Society, 21 août 2018
Making Universal Donor Blood From Other Blood Types, Vidéo de l'American Chemical Society, 21 août 2018