Infections nosocomiales : de plus en plus de bactéries résistantes signalées

Le nombre d'infections à l'hôpital provoquées par des bactéries capables de résister aux traitements antibiotiques est en hausse, d'après une enquête réalisée par Santé publique France.
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L'hôpital, on s'y rend pour être soigné. Mais il arrive qu'au cours d'un soin, une bactérie s'introduise dans l'organisme. C'est ce qu'on appelle une infection nosocomiale. Ce type d'incident survient dans un cas sur vingt, selon Santé publique France. Une part relativement stable.

Le problème, c'est ce que plus en plus d'infections associées aux soins sont dues à des bactéries capables de résister aux antibiotiques. C'est ce que révèle une étude publiée ce 17 juillet dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, basée sur 23 000 signalements effectués entre 2001 et 2017.

Rien que l'an dernier, presque la moitié des contaminations survenues à l'hôpital est concernée par ce constat. Et ces signalements sont "en constante augmentation", selon l'aveu même des scientifiques qui signent cet article.

De nombreux services en cause

La plupart du temps, ces infections se produisent au niveau du tube digestif, car elles sont dues à des bactéries qui s'y logent (31 % des cas). Les services hospitaliers concernés sont, quant à eux, plutôt variés en fonction du germe retrouvé.

Lorsque C. difficile est en cause, les services incriminés sont d'abord ceux de médecine (48 %), de soins de suite (23 %) et de réanimation (10 %).

Quand il s'agit du staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM), les services de chirurgie (35 %), médecine (26 %), réanimation (14 %) et de soins de suite et de long séjour (11 %) sont les principaux responsables de la contamination.

L'inquiétude se concentre autour d'un certain type de germes. Il s'agit des bactéries multi-résistantes – qui rendent impuissants plusieurs antibiotiques –, hautement résistantes émergentes – qui ne sont sensibles qu'à un ou deux antibiotiques – ou de la bactérie C. difficile – répandue à l'hôpital, contagieuse et difficile à traiter.

Des bactéries hautement résistantes

Depuis 2012, de plus en plus de signalements impliquent des bactéries hautement résistantes émergentes – comme certaines bactéries intestinales, par exemple. Rien que sur l'année 2017, elles représentent plus de la moitié des déclarations.

Cela pose plusieurs problèmes : ces bactéries résistent à la plupart des antibiotiques, et cette résistance peut se transférer à d'autres classes. La contagion, elle, peut s'effectuer par l'intermédiaire du matériel médical, de mains non lavées mais aussi de l'environnement.

Une famille inquiète particulièrement les autorités : celle des entérobactéries productrices de carbapénémase (EPC), en pleine émergence. Des mesures ont été déployées pour limiter son émergence, avec une efficacité relative.

Dans le même temps, les bactéries multi-résistantes progressent aussi. Elles représentent 14 % des infections nosocomiales environ. Parmi les plus connues, on peut citer E. coli – responsable notamment d'infections urinaires tenaces – ou encore K. pneumoniae – qui provoque des infections respiratoires.

Le lavage essentiel des mains

Ces bactéries peuvent résider sur la peau, dans les muqueuses ou encore le tube digestif. Elles peuvent donc se transmettre par voie aérienne, orale, fécale mais aussi via le matériel médical, l'environnement et les mains… Il s'agit donc d'une menace omniprésente et particulièrement surveillée.

Afin de limiter le risque de propagation de telles bactéries, des plans de prévention ont été mis en place dans les hôpitaux. Les patient.e.s sont invité.e.s à y participer au quotidien :

  • Le matériel à usage unique est privilégié dans la mesure du possible. Une désinfection soigneuse est effectuée par le personnel quand cela s'avère nécessaire. Cela permet de limiter, par exemple, les infections sur cathéter ou sur sonde urinaire.
  • Le linge et les surfaces utilisés par les patient.e.s sont attentivement nettoyés par le personnel en charge de l'entretien, avec des produits dédiés. Cela limite le risque de diffusion des bactéries résistantes dans l'établissement. Une attention qui peut s'étendre aux poignées de porte en phase d'épidémie.
  • Les patient.e.s porteur.se.s de germes sont identifié.e.s. Des mesures spécifiques sont mises en place pour limiter la propagation de ces bactéries ou virus dans l'établissement.
  • La durée des séjours à l'hôpital est limitée dans la mesure du possible, afin de réduire le risque d'infection nosocomiale.
  • La prescription d'antibiotiques est strictement encadrée afin de limiter le développement et la propagation de résistances bactériennes.
  • Le lavage des mains est la pierre angulaire de ce système, qu'il s'effectue à l'aide d'eau et de savon ou d'un gel hydro-alcoolique. Soignant.e.s, patient.e.s et familles doivent respecter cette règle d'hygiène afin de limiter la propagation des bactéries et virus dans les différents services hospitaliers.
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Source : Bilan 2001-2017 des signalements externes d’infections nosocomiales. Part des signalements impliquant une bactérie multirésistante, hautement résistante-émergente ou un Clostridium difficile, Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 17 juillet 2018
Surveillance des infections associées aux soins, Santé publique France, consulté le 18 juillet 2018
EPC, EBLSE, ERG, SAMR ? Parlons français !, Didier Hocquet, CHRU de Besançon, Journée régionale de lutte contre les infections associées aux soins en Franche-Comté, 31 mai 2012
Bactérie Hautement Résistante émergente (BHRe) : prise en charge d’un patient, Marie-Claire Rigaudie, CHU de Limoges, Journées nationales d'infectiologie, 15 juillet 2014