Qualité du sperme : une baisse due à de multiples causes environnementales

La qualité du sperme baisse, en France et dans le reste du monde. Une partie de la faute revient aux perturbateurs endocriniens, omniprésents dans notre environnement.
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Emballages alimentaires, ameublement, cosmétiques… Les perturbateurs endocriniens, ces produits ayant une action délétère sur notre système hormonal, sont partout. Et ils ne seraient pas étrangers à la baisse de qualité du sperme, observée depuis quelques années en France.

C'est en tout cas ce que suggère une équipe d'expert.e.s de Santé publique France, dans la dernière édition du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire. Les troubles du développement des testicules (malformation de l'urètre ou testicules non descendu), cancers  et infertilités seraient étroitement liés à notre environnement, d'après leurs observations.

De plus en plus de troubles

Pour mener ces travaux, les scientifiques se sont appuyés sur les échantillons de sperme de 26 600 hommes qui ont consulté entre 1989 et 2006, et sur les dossiers médicaux d'enfants soignés pour hypospadias ou cryptorchidie.

"Entre 1989 et 2005, une baisse significative et continue de 32,2 % de la concentration spermatique a été observée", constatent les signataires de cette étude. De fait, la concentration moyenne est passée d e 73,6 millions de spermatozoïdes par millilitre à 49, millions.

Le nombre de spermatozoïdes présentant une morphologie normale est également plus faible qu'auparavant. Autant de paramètre qui nuisent à la fertilité des hommes.

Autre témoin négatif de la santé reproductive des hommes : les malformations testiculaires se font plus fréquentes. Le nombre de cryptorchidies  diagnostiquées chaque année est en hausse, tout comme celui de cancers du testicule.

Des polluants omniprésents

Ces troubles peuvent être favorisés par une exposition à des perturbateurs endocriniens, qu'elle se produise pendant la grossesse ou très tôt pendant la petite enfance. Les sources sont multiples : biberons, jouets pour bébés, ameublement…

Les PE sont "présents de façon croissante et ubiquitaire dans l'environnement et les produits de consommation depuis plusieurs décennies, et retrouvés notamment chez les femmes enceintes", rappellent les scientifiques de Santé publique France dans leur article.

Cette hypothèse est d'autant plus probable que ces malformations sont provoquées à une mauvaise imprégnation du fœtus en hormones masculines (androgènes) au cours de son développement. Les perturbateurs anti-androgènes ou œstrogènes peuvent provoquer un tel phénomène.

Les facteurs se cumulent

Mais accuser les seuls bisphénols, parabènes et autres phtalates s'avère encore très compliqué. Comme l'expliquent les expert.e.s, les femmes enceintes sont exposées à de nombreux toxiques pouvant affecter la santé reproductive du fœtus.

Le tabagisme, le stress, et de nombreux autres paramètres sont à prendre en compte. La qualité de vie elle-même peut avoir un effet : selon l'équilibre alimentaire, le poids, l'activité physique ou encore la qualité du sommeil, le bébé ne se développerait pas de la même façon.

A l'heure actuelle, il est encore impossible de faire la part entre la responsabilité des perturbateurs endocriniens et des autres facteurs.

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Source : Santé reproductive et perturbateurs endocriniens, Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 3 juillet 2018