Prévention des maladies chroniques : les 7 principales mesures d’Agnès Buzyn

Maladies chroniques, décès prématurés… Le gouvernement mise sur la prévention pour améliorer l'espérance de vie des Français.es. Voici les 7 principales mesures annoncées.
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"On meurt trop souvent trop jeune en France." Ces mots sont ceux du Premier ministre, Edouard Philippe. Il présente, ce 26 mars, le plan du Comité interministériel pour la Santé. Son objectif : améliorer la manière dont nous combattons la mortalité prématurée dans le pays.

Rien qu'en 2017, 124 femmes pour 100 000 habitantes sont mortes de manière précoce – ainsi que 240 hommes pour 100 000. "Une vraie politique de prévention permettrait de préserver près de 100 000 vies par an", chiffre le Premier ministre.

Pour y parvenir, le gouvernement vise large : alimentation, environnement, comportements à risque… Ce nouveau programme a l'ambition d'agir sur les différents âgés clés en 25 mesures. E-Santé vous résume les 7 principales.

La vitamine B9 en début de grossesse

En France, une naissance sur 1 000 est touchée par une anomalie de fermeture du tube neural – aussi appelée spina bifida. Cette malformation congénitale peut provoquer de lourdes pathologies au niveau de la colonne vertébrale.

Elle n'est pourtant pas inéluctable. Pris quatre semaines avant la conception et pendant les deux premiers mois de grossesse, l'acide folique (vitamine B9) permet de prévenir la plupart des cas.

Mais deux problèmes se posent. La consommation alimentaire de vitamine B9 est insuffisante. Des complémentaires alimentaires existent bien. Mais en 2010, une femme sur deux ne les prenait pas.

Ce mauvais réflexe pèse lourd sur la société : interruptions médicales de grossesses, fausses couches et handicaps sont fréquents à cause du spina bifida. Afin de mieux lutter contre cette pathologie, le ministère de la Santé veut améliorer la prise d'acide folique, via des campagnes ciblées sur les femmes ayant un projet de grossesse mais aussi les médecins.

Du sport pour prévenir l'obésité des enfants

Plus d 'un.e jeune Français.e sur 10 est en surpoids. Et les enfants d'ouvriers sont davantage touchés par ce fléau que les autres. Afin de réduire les inégalités, le ministère de la Santé propose de structurer le parcours de soins entre 0 et 6 ans. L'objectif : mieux repérer les mineur.e.s à risque d'obésité et leur proposer une prise en charge adaptée.

Dans ce but, Agnès Buzyn propose de poursuivre une expérimentation déjà en cours dans 4 départements français. Il s'agit d'un "forfait" d'activité physique destiné aux 3-8 ans. Après un bilan réalisé par un.e professionnel.le de santé, l'enfant peut bénéficier de consultations de diététique, de psychologie mais aussi de cours d'activité physique adaptés à ses besoins et sa motivation.

Une mesure censée faciliter l'exercice physique chez des enfants qui ne bénéficient pas forcément des structures les plus appropriées, ni de l'accompagnement nécessaire. Car, rappelons-le, 28 % des garçons et 18 % seulement bougent suffisamment par rapport aux recommandations officielles (une heure par jour entre 5 et 17 ans).

Dans le même but, 20 examens de santé seront réalisés jusqu'à 18 ans – avec 13 d'entre eux concentrés avant l'âge de 2 ans. L'occasion de repérer les facteurs de risque et de les corriger avant que des séquelles à vie n'apparaissent.

Rendre le préservatif gratuit

"Le plastique, c'est fantastique"… mais peu utilisé chez les adolescent.e.s et jeunes adultes. Cette population représente un quart des découvertes de séropositivité VIH et plus d'un tiers des cas d'infection à gonocoques ou Chlamydia. La syphilis connaît aussi une recrudescence.

Pour limiter la prise de risque, le ministère de la Santé souhaite donc expérimenter le "PASS préservatif" chez les moins de 25 ans. Dès 2019, les régions les plus touchées par les infections sexuellement transmissibles (IST) testeront ce dispositif qui consiste à rendre le préservatif gratuit. En complément, des actions d'information, de prévention et de dépistage seront organisées auprès de cette population.

Former la population aux premiers secours

Un arrêt cardiaque, un accident de la circulation, une blessure dans la cuisine… Les incidents peuvent survenir à tout moment. Mais tout le monde n'est pas formé pour y faire face. Loin de là. Seule une personne sur cinq connaît les gestes de premier secours, d'après le ministère de la Santé.

Le Comité interministériel sur la Santé (CIS) propose donc de former plus largement la population, afin d'atteindre 80 % d'initiés. L'idée serait d'offrir des formations dès l'école, en adaptant leur contenu aux différents âges. Une perspective encourageante, puisque seule la Journée défense et citoyenneté permet actuellement d'apprendre les premiers gestes gratuitement.

Organiser le dépistage du cancer du col de l'utérus

Chaque année, le cancer du col de l'utérus tue 1 000 femmes, et 3 000 nouveaux cas sont diagnostiqués. Les examens par frottis de dépistage permettent, en théorie, de repérer les lésions avant qu'une tumeur ne se forme. Bien réalisés, ils pourraient éviter la totalité des cancers.

Mais dans les faits, 4 Françaises sur 10 n'accèdent pas à ce dépistage. Le ministère de la Santé veut donc l'organiser – selon les mêmes modalités que le cancer du sein. Le frottis serait alors remboursé à 100 % par l'Assurance maladie, tous les trois ans jusqu'à 65 ans.

Le gouvernement espère, ainsi, parvenir à 80 % de taux de participation au dépistage du cancer du col de l'utérus. Ce programme devrait prochainement faire son arrivée.

Limiter le sel dans l'alimentation

Les Français et les Françaises mangent trop de sel. Beaucoup trop. Alors que les recommandations officielles fixent la limite à 5 grammes par jour, nous en absorbons 8 grammes. Dont un quart proviennent uniquement du pain.

Réduire de 20 % la consommation de sel permettrait de limiter considérablement le nombre d'accidents vasculaires cérébraux et de maladies cardiovasculaires. Le ministère souhaite donc agir avec les industriels de l'alimentation, afin qu'ils réduisent de 10 % la présence de sel dans leurs produits.

Deux réflexes simples permettent aussi de limiter l'excès : ne jamais resaler un plat après la cuisson, et consommer plus d'épices.

Tabac : rembourser tous les substituts

Arrêter de fumer, de nombreux.ses Français.es y pensent. Mais le faire est parfois plus compliqué. D'autant que la prise en charge du sevrage tabagique est assez limitée. Depuis peu, un forfait de 150 euros par an permet de s'offrir les substituts nicotiniques qui favorisent la réussite.

Mais ce forfait peut être insuffisant. Un frein financier majeur dans l'arrêt du tabac. Le ministère de la Santé souhaite donc rembourser les substituts au même titre que les autres médicaments. Cela devrait prochainement se traduire dans la loi.

Cette mesure a un autre intérêt : en traitant les substituts comme des médicaments, les prix en pharmacie sont uniformisés. Et comme l'avait montré une enquête de l'association Familles rurales, le prix d'une boîte peut passer du simple au triple selon les officines.

Vidéo : Le sevrage tabagique expliqué en vidéo

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Source : Dossier de presse "Priorité prévention", ministère des Solidarités et de la Santé, consulté le 26 mars 2018
Taux de mortalité prématurée selon le sexe en 2017, Insee, 16 janvier 2018
Etude ESTEBAN, Santé publique France