Les jeux vidéo violents rendent-ils nos enfants violents ?

La réponse est clairement oui. C’est la position de l’Académie américaine de pédiatrie et celle de l’Association américaine de psychiatrie. Et c’est la conclusion d’une synthèse de 136 études regroupant 130.000 personnes.Pourtant, l’industrie des jeux vidéo, forte de ses 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2011, continue de diffuser des messages contraires.Ne soyons pas dupes pour protéger nos enfants.
© getty

« Les gens font la part des choses », « les jeux purgent les joueurs de leurs violences », etc. Tels sont les messages que diffusent les industries du jeu et les quelques experts du jeu numérique qu’elles soutiennent.

Mais qu’en est-il vraiment ? Des adolescents qui joueraient avec des jeux aussi violents que Modern Warfare ou Resident Evil, dans lesquels le réalisme est poussé à l’extrême, et où l’on gagne encore plus de points en visant les ennemis à la tête, resteraient « normaux », voire se calmeraient ?

Intuitivement vous vous dites que prendre plaisir à tuer ses semblables avec des armes quasi-réelles ne peut pas laisser indemne et vous avez raison.

Toutes les études sur la question montrent deux choses :

  • Les jeux vidéo augmentent les comportements agressifs des joueurs à court et long terme.

    De plus, ceux-ci ont davantage de pensées et d’émotions violentes.

  • Ceux qui jouent souvent à des jeux vidéo violents sont plus précis, visent mieux et atteignent davantage la tête quand on les fait s’exercer à balle réelle sur des mannequins.

Autrement dit les jeux vidéo entraînent à la violence.

Les jeux vidéo violents sont de véritables armes

Ces jeux doivent donc être considérés comme de véritables armes dont il faut protéger nos enfants. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils sont déconseillés aux moins de 18 ans.

Reste que cela soulève une autre question : nos enfants jouant aux cowboys et aux Indiens - ou aux soldats - avec des armes factices, sont-ils eux aussi en danger ? La différence entre les jeux de simulations et les jeux vidéo est que dans les premiers il n’y a pas de victime, et c’est fondamental. En effet, c’est le fait de voir des gens se faire tuer par nos actes, et d’y prendre plaisir, qui désinhibe nos freins à la violence et nous rend moins sensible à la souffrance d’autrui.

Autrement dit les pistolets, arbalètes et autres mitraillettes factices nous font faire du cinéma, mais ne nous font pas vivre des atrocités contre lesquelles on se durcirait. Cela n’a donc rien à voir.

Ensuite ces jeux se font le plus souvent en plein air, ce qui est toujours excellent, au contraire des jeux vidéo, qu’ils soient violents ou non.

On peut même se demander si nos enfants pourraient être heureux sans jeux vidéo du tout…

La réponse est oui, et ce ne sont pas des études scientifiques qui nous la fournissent, mais la simple observation de ceux qui en sont privés.

Ainsi, quand les enfants arrivent dans les summer camps américains, ils doivent laisser à l’administration tous les téléphones, Ipod et autres gadgets électroniques et plus aucun jeu vidéo ne leur est disponible le temps des vacances.

Ces enfants sont-ils malheureux ? Au contraire, comme on peut le voir sur toutes les photos de summer camp et sur le désir de ces enfants de se réinscrire d’année en année. On peut faire la même observation dans des villages d’enfants privés de tout et s’amusant avec leurs jeux bricolés…

Non seulement les jeux vidéo violents rendent violents, mais en plus les jeux vidéos en général ne sont pas indispensables au bonheur.

Source : Laurent Bègue. Cerveau et psycho N°52 juillet-août 2012.

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