L’hôpital sauve des vies et en gâche aussi beaucoup trop

Se faire hospitaliser n’est pas anodin. Le risque d’être victime d’un événement indésirable grave est de l’ordre de 1 %. Neuf cents Français sont ainsi gravement affectés quotidiennement et trois en meurent chaque jour. Cela équivaut à un gros accident d’avion tous les trimestres. Est-on obligé de subir tout ce gâchis ?

La désorganisation dans les hôpitaux gagne du terrain. En avril dernier je programmais une hospitalisation pour une patiente de la Réunion dans un service réputé. Deux mois plus tard, elle arrive dans le service : son hospitalisation est bien prévue, mais aucun bilan n’est planifié. Au bout de 2 jours au lit pour une seule prise de sang, elle quitte le service et continue son bilan en ville. Que s’est-il passé ? Une erreur de transmission entre la secrétaire du chef de service et celle de l’hospitalisation. Rien de grave cette fois-ci. Juste une très grosse perte de temps et d’argent.

Mais quand un traitement est commencé en urgence en ville et qu’il est recommencé à l’arrivée à l’hôpital, cela donne un surdosage potentiellement très grave. Une veille dame est ainsi morte cette année, alors qu’elle souffrait d’un œdème aigu du poumon… Maladies nosocomiales, erreurs de prescriptions, mauvaises manipulations, gestes invasifs ou chirurgicaux défectueux, ratés de transmission, retards de prise en charge, etc. les causes d’événements indésirables graves (ou IEG) ne manquent pas.

La tendance est à l’aggravation

Pis, une enquête réalisée auprès des hôpitaux ne montre aucune baisse des statistiques, depuis 2004, de ces événements indésirables graves dont le nombre a été compris entre 275 000 à 395 000 sur l’année 2009. Parmi ces IEG, 95 000 à 180 000 sont considérés comme évitables. Et parmi ces IEG évitables les trois quarts sont dus à des soins non appropriés, à des erreurs dans leur réalisation ou à des retards. Dans l’autre quart sont listés les erreurs et défaillances des professionnels ainsi que les défauts de hiérarchie ou de communication entre professionnels.

Ainsi les progrès réalisés dans les services d’anesthésie réanimation ou dans les maternités par exemple sont dans le même temps compensés négativement par l’augmentation des défaillances dans les autres services hospitaliers. La tendance globale est à l’aggravation.

Que pouvons-nous faire en pratique ?

Plus que jamais, il est important d’accompagner nos proches à l’hôpital pour s’assurer de leur bonne prise en charge et pour signaler tout doute ou dysfonctionnement. C’est particulièrement vrai pour les personnes âgées qui constituent le plus grand nombre des victimes des IEG.

Il est aussi important de procéder à des vérifications quand c’est possible. Si par exemple vous avez un doute sur une ordonnance médicamenteuse fournie à votre départ de l'hôpital, n’hésitez pas à poser des questions à votre médecin habituel. Outre les posologies et les effets indésirables, votre médecin pourra vous alerter sur les interactions médicamenteuses ou encore sur la non-adéquation avec votre profil personnel. Vous l’avez compris : votre vigilance peut s’avérer essentielle.

Reste que l’on attend des autorités publiques une vraie modernisation de notre système de soins, à commencer par les études médicales dont le niveau pourrait être nettement plus élevé. D’autres avancées sont essentielles, comme l’informatisation des dossiers médicaux et la mise à disposition d’outils d’ordonnance en ville. Pourquoi tous les médecins ne sont-ils pas équipés d’outils de prescription efficaces ? On aimerait que l’on investisse autant dans la sécurité des soins que dans la sécurité de l’aviation civile.

Source : Evénements indésirables associés aux soins – ENEIS 2009

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