Diabétiques, soyez aux petits soins avec vos gencives

Plus encore que le reste de la population, les personnes diabétiques doivent faire preuve d’une hygiène buccale irréprochable. Chez elles, le risque de maladie de la gencive ou parodontite est accru, surtout lorsque le diabète est mal équilibré. A l’inverse, une parodontite chez un diabétique affecte sa glycémie et participe au déséquilibre du diabète. Diabétiques, consultez votre chirurgien-dentiste !  
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Les maladies parodontales, l’autre complication du diabète

Globalement, la moitié de la population a ou aura au cours de sa vie une maladie de la gencive (gingivale). La gingivite en est le premier stade. La gencive est rouge, gonflée, douloureuse et saigne au contact. Réversible, elle est liée à la présence de certaines bactéries contenues dans la plaque dentaire. Non éliminées par le brossage, elles se calcifient et se transforment en tartre. Si rien n’est fait, cette gingivite devient chronique et évolue vers une parodontite, c’est à dire une atteinte des tissus de soutien de la dent (ligaments qui maintiennent la dent dans son alvéole osseuse associée à une fonte osseuse appelée déchaussement dentaire) ; ceci pouvant conduire à la perte spontanée des dents. Si elle n’est pas réversible, son évolution peut néanmoins être stoppée.

Les personnes diabétiques, touchées par le diabète de type 1 mais aussi le diabète de type 2, sont concernées au premier chef par les maladies parodontales (parodontites). Elles ont un surrisque d’apparition de ces parodontites et d’aggravation de celles-ci.

Dr Christophe Lequart, chirurgien-dentiste et porte-parole de l’UFSBD (Union française de la santé bucco-dentaire) : « L’inflammation générée par la maladie diabétique à travers la production de certaines protéines (cytokines pro-inflammatoires) détruit insidieusement les tissus, de la gencive puis de l’os. Or, la réponse des personnes diabétiques à l’inflammation et aux infections est aussi moins efficace. Elles souffrent de plus d’une vascularisation défaillante des extrémités, en l’occurrence ici des gencives. Enfin, comme le diabétique a un surrisque de maladies cardiovasculaires, si en plus il déclare une parodontite laquelle accroît aussi ce risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde), c’est la double peine. Son risque de maladie cardiovasculaire est triplé ».

Traiter la parodontite pour améliorer le contrôle du diabète

A l’inverse, ce déchaussement dentaire a une incidence sur le taux de sucre dans le sang (glycémie) des diabétiques : la composante inflammatoire des maladies parodontales participe au déséquilibre des diabètes : la glycémie est alors trop élevée.

Mais voici une bonne nouvelle : traiter la parodontite, conjointement au suivi du traitement antidiabétique, contribue à rééquilibrer la glycémie. Toutes les études en témoignent. Lorsque le traitement n’est pas chirurgical et qu’il prend par exemple la forme d’un détartrage en profondeur sous anesthésie, la diminution de l’HbA1c (indicateur de la glycémie des trois derniers mois) montre une baisse à hauteur de 0,46 à 0,66 % en fonction des études*. Quant au traitement complémentaire chirurgical en présence de lésions très avancées et très profondes, il occasionne une diminution supplémentaire de l’HbA1c de l’ordre de 0,25 %*. C’est considérable.

Dr Christophe Lequart : « Stopper l’évolution de la maladie parodontale est possible, au moyen d’un détartrage simple, c’est à dire l’élimination du tartre qui se trouve au niveau de la gencive. Suivi d’un détartrage sous la gencive (surfaçage). En effet, il existe un espace situé entre la gencive et la racine qui devient un réservoir à bactérie. Il faut donc éliminer le tartre et la plaque bactérienne qui se trouvent dans cette « poche parodontale ». A l’action mécanique s’ajoute une action chimique par une irrigation antiseptique des poches. Lorsque la destruction osseuse est trop importante et ne permet pas de sauver la dent, les solutions comme les prothèses amovibles, les implants ou les bridges sont proposées. En sachant qu’une parodontite peut secondairement se développer autour de l’implant (péri-implantite), si l’hygiène n’est toujours pas parfaite ».

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Source : *Actes du Colloque National de Santé Publique de l’UFSBD, le 8 octobre 2015 www.ufsbd.fr
D’après un entretien avec le Dr Christophe Lequart, chirurgien-dentiste et porte-parole de l’UFSBD (Union française de la santé bucco-dentaire).