Être sportif et diabétique : les consignes alimentaires à connaître

Séances de running hebdomadaires, escalade ou natation, pour une personne diabétique être sportif n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Dans le diabète de type 1, le risque n°1 au cours mais aussi au décours de l’exercice physique est l’hypoglycémie, lorsque celui-ci n’a pas été programmé et qu’il se prolonge. Comme dans le diabète de type 2 sous insuline, il s’agit alors de gérer à la fois l’alimentation et les doses d’insuline. 
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Sport et alimentation : les 5 règles dans le diabète de type 1

Le diabétique de type 1 sportif devrait connaître cinq règles sur la gestion du taux de sucre dans la sang (glycémie) lors d’un exercice physique prolongé. Celles-ci font appel à l’adaptation des doses d’insuline et de l’alimentation :

  • 1ère règle : Anticiper la séance de sport en baissant la dose d’insuline dite "rapide". Celle-ci doit être divisée de moitié, voire des deux-tiers si l’on est à moins de 10 unités d’insuline rapide, voire de s’en passer si l’on est à moins de 5-6 unités.

     

     

  • 2nde règle : Réaliser une glycémie avant de débuter l’exercice et, si celle-ci est inférieure à 1,20g/l, avaler une collation (équivalent à 15g de glucides voire à 20-30 g en fonction de la durée de l’exercice prévu) sous forme de boissons sucrées, de pâtes de fruit ou autres aliments glucidiques.

     

     

  • 3ème règle : Lorsque l’on n’a pas l’habitude de pratiquer ce type d’exercice, au-delà de 30 à 60 minutes, il est important de tester de nouveau sa glycémie. Si celle-ci est inférieure à 1,20g/l ou si l’on est à distance du prochain repas, une collation s’impose à nouveau (15g de glucides).

     

     

  • 4ème règle : Une fois l’exercice terminé, si la glycémie est inférieure à 1g/l il faut prévoir une collation (15g de glucides) si le prochain repas n’a pas lieu avant 1h.

     

     

  • 5ème règle : Généralement, on diminue la dose d’insuline qui suit l’exercice physique. Par exemple si celui-ci a lieu dans l’après-midi, ce sera la dose du soir c'est-à-dire l’insuline rapide chargée de contrôler la glycémie de la nuit (à diminuer de 10 à 30%, en moyenne puis à adapter en fonction des réponses individuelles).

Le sportif ne pas oublier de surveiller la glycémie du soir, même si l’exercice a eu lieu le matin (si sa durée était d’au moins une heure), pour penser à baisser la dose d’insuline du soir si nécessaire. En effet, la sensibilité des muscles à l’insuline augmente plusieurs heures après l’arrêt de l’exercice (d’où des besoins plus faibles en insuline puisqu’ils en « profitent » plus).

Pr Martine Duclos, endocrinologue et physiologiste, chef du service de Médecine du Sport au CHU de Clermont-Ferrand : « Dans le diabète de type 1, l’idéal est de prévoir tout exercice physique prolongé (supérieur à 30 minutes-1 heure) afin de réduire la dose d’insuline qui précède.

Les diabétiques de type 1 qui font du sport de façon assez suivie sont en général sous pompe à insuline (appareil qui délivre automatiquement l’insuline), ce qui leur permet des ajustements de l’insuline en fonction de la glycémie beaucoup plus aisés qu’au moyen des injections. Ils peuvent la débrancher quelques heures (2 à 3 heures en général, mais parfois plus). Comparé au diabétique de type 2, le diabétique de type 1 est plus enclin à faire du sport de façon régulière et intense et presque tous les sports lui sont accessibles, sauf le parachutisme et les autres sports où l’hypoglycémie peut conduire à des accidents mortels. Du fait de la grande variabilité de la réponse glycémique en fonction du type d’exercices (aérobie, anaérobie), il faut mieux être suivi par un diabétologue spécialisé dans la pratique sportive ».

Le sport, peu risqué dans le diabète de type 2

Les médicaments donnés dans le diabète de type 2 sont multiples. Ce peut être une injection unique d’insuline chaque jour (insuline basale) ou des antidiabétiques par voie orale.

  • Généralement, la personne qui est diabétique de type 2 bien équilibrée (c’est-à-dire dont le taux de sucre dans le sang mesuré par un taux d’HBA1c se situe aux alentours de 6,5 à 7%), qui est sous insuline basale seule et qui souhaite pratiquer une activité physique prolongée n’est pas en réel danger hypoglycémique.

Baisser la dose d’insuline est inutile. La pratique d’une activité physique d’intensité modérée et régulière n’impose aucun changement particulier. Lorsque l’effort musculaire reste raisonnable, seules des supplémentations glucidiques modérées au cours de la période d’effort physique (10 à 15 g de glucides) s’avèrent utiles (toutes les heures).

  • Pour les diabétiques qui sont uniquement sous médicaments appelés sulfamides (des molécules qui induisent un risque potentiel d’hypoglycémie) et qui sont bien équilibrés sur le plan glycémique, la première fois -et seulement la première fois- qu’ils pratiquent un exercice de plus de 60 minutes, il est conseillé de diviser par deux leur dose quotidienne, mais sans pour autant devoir diminuer la dose qui suit l’exercice.
  • Quant au risque d’hypoglycémie sous glinides (comme les sulfamides, ce sont des molécules qui forcent le pancréas à sécréter de l’insuline au moment des repas), c’est un risque de principe. Par mesure de précaution, on considère qu’il pourrait y avoir un faible risque d’hypoglycémie en cas d’exercice physique de plus d’une heure et uniquement chez un sujet dont le diabète est très bien équilibré. En pratique, lors de la première expérience d’exercice d’au moins 60 minutes il faut baisser de moitié la dose, voire ne pas prendre le comprimé avant l’exercice.
  • Pour les diabétiques de type 2 sous les autres médicaments (metformine, gliptines ou analogues du GLP1) il n’y a pas de risque d’hypoglycémie à l’exercice.
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Source : D’après un entretien avec le Pr Martine Duclos, endocrinologue et physiologiste, chef du service de Médecine du Sport au CHU de Clermont-Ferrand.