J’ai eu un cancer du sein, et alors ?

Un beau jour un cancer du sein m’est tombé dessus, comme pour 48 000 femmes en France et chaque année.Cela ne fut pas une partie de plaisir mais je m’en suis bien sortie et 13 ans après, je pète la forme !Voici le journal de mon cancer du sein.
© getty

5 Septembre 2000

J'ai rendez-vous pour la mammo. Ça n’est pas la première, j’en passe une tous les deux ans depuis que j’ai eu 40 ans. Je suis tranquille : il y a deux mois, la gynéco m’a palpée et tout allait bien.

Bon… écrasement des seins habituel. Quand est-ce qu’une femme va se mettre à inventer une machine moins traumatisante ?

Je me rhabille et m’apprête à partir quand le radiologue déboule et me demande d’attendre : « On a vu quelque chose qui ne me plaît pas. On va faire une échographie ». On la fait tout de suite et là, diagnostic : il y a une petite boule tout en haut du sein droit. Stupéfaction de ma part : « Il va jusque là mon sein ? Je sens ma côte en dessous ». Explications techniques et rassurantes : « Vous êtes très mince, pas de graisse à cet endroit-là, c’est le haut de sein. Mais c’est tout petit, ça fait moins de 1 cm ». Effectivement, en palpant à cet endroit, je sens cette foutue boule.

Je ressors un peu sonnée. Et maintenant, je fais quoi ? Aucune envie d’appeler la gynéco qui n’a rien senti quand elle m’a palpée, plutôt envie de l’incendier. Et je n’ai pas de médecin généraliste.

À mon retour à la maison, je trouve un mail d’une amie infirmière qui bosse à la Pitié Salpetrière. Je lui réponds tout de suite en lui annonçant la découverte. Retour immédiat : « Il faut que tu voies le Docteur S…, c’est un cancérologue super sympa, je te prends un rendez-vous tout de suite ».

8 Septembre

Rendez-vous avec le Docteur S. dans le service d’oncologie médicale à la Pitié Salpetrière.

J’attends dans une salle peuplée de femmes en turban. Sur une table, des revues et des catalogues de perruques. Mais les plantes vertes sont superbes, pas du tout l’air cancéreuses.

Très sympa, le Docteur S. Il confirme évidemment : on doit opérer et retirer cette petite boule. À l’hôpital, pas de place. Il me donne les coordonnées d’une clinique privée mais me prévient que l’attente risque d’être longue : le chirurgien est surbooké.

J’appelle immédiatement. Coup de bol : un rendez-vous avec le chirurgien, le Docteur D. vient juste de s’annuler pour demain. Pas question de le refuser. J’annule ceux de boulot. Je tâte tout le temps cette boule, j’ai l’impression qu’elle grossit sans cesse !

9 Septembre

R. V. avec le Docteur D, chirurgien assez âgé, rassurant. Il y a une place pour m’opérer le 15 à la Clinique Saint-Jean. Youpi ! Ça prendra 3 jours d’hospitalisation. On retirera en même temps les ganglions sous le bras, on les analysera avec la boule et on saura quel type de cancer j’ai et s’il est allé se balader ailleurs.

Les jours suivants filent, occupés par le boulot et l’organisation, Sécu, mutuelle etc., mais j’ai l’impression que ce crabe me boulotte.

15 - 17 Septembre

Opération. Réveil de l’anesthésie sans problème. Pansements sur le sein et sous le bras. Ça fait mal mais pas trop. Résultat des analyses : c’est un cancer hormonodépendant mais il n’a pas migré. Bonne nouvelle !

Je rentre chez moi, je rebranche immédiatement mon ordinateur et je me remets au boulot, heureuse d’être débarrassée de ce foutu crabe.

Dans les jours suivants, j’ai une grosse boule sous le bras que l’on va ponctionner, puis on enlèvera les fils et je reprendrai une vie normale, simplement gênée par mon épaule droite qui a été malmenée par l’opération. Je ne peux pas trop lever le bras, mais il y a pire dans la vie !

Le Docteur S, le cancérologue, m’annonce qu’il est inutile de faire une chimio, simplement une cure de 24 séances de radiothérapie, par sécurité. Champagne !

On fera ça en janvier, quand tout sera bien cicatrisé. De la kiné en attendant : bras pour éviter qu’il ne gonfle et épaule pour la remettre en place.

20 Janvier 2001

J’ai rendez-vous dans le service de radiothérapie de l’Hôpital Georges Pompidou. Il est tout neuf, dirigé par un jeune radiothérapeute super sympa.

Séance de tatouage pour délimiter les zones qu’on va irradier. L’infirmière me demande si je veux un tatoo définitif ou pas. « Pourquoi ? » - « Certaines personnes ne veulent pas garder la trace de leur cancer. Mais pour nous, un tatouage définitif, c’est plus sûr ». Ok pour le définitif, évidemment. De toute façon, ce sont des petits points, pas une tête de mort. Je les ai toujours. Avec une jolie petite cicatrice de rien du tout : le Docteur D a fait un travail d’orfèvre et je pourrai continuer de bronzer seins nus ! Merci !

25 Janvier

Première séance de radiothérapie. Médecins et infirmières sont très amicaux, rassurants. J’ai apporté du champagne pour tout le monde, ça leur fait plaisir et moi, ça me détend !

On m’installe dans un bunker sur une sorte de lit assez confortable. Je suis environnée d’un tas d’appareils qui ronronnent. On ferme une énorme porte blindée. Je sais qu’on me regarde par caméra interposée, que l’on fait les réglages nécessaires : tout m’a été bien expliqué. Fugitivement, je me dis « Et si on m’oubliait là-dedans ? Si l’interphone tombait en panne » !!

10 minutes plus tard, c’est terminé. Je n’ai rien senti.

Pendant les semaines suivantes, j’irai trois fois par semaine me faire irradier ainsi. C’est vite devenu une routine : j’ai un bus direct et à la fin, je connaitrai tous les chauffeurs de la ligne ! La dernière séance se fera au champagne, comme la première !

Pendant les cinq années suivantes, j’ai fait, tous les six mois, une mammo, une échographie des seins et une échographie abdomino-pelvienne (au cas où un cancer de l’utérus aurait la mauvaise idée de s’installer) et un bilan sanguin avec dosage des anticorps. Puis le rythme est passé à une fois par an. Cette année, pas d’examens, seulement un bilan sanguin.

Pendant cinq ans aussi, j’ai avalé tous les jours une pilule anti cancer bloqueuse d’hormones. Elle me donnera quelques bouffées de chaleur, le plus souvent bienvenues car je suis très frileuse.

Ce cancer du sein est maintenant un souvenir, absolument pas dramatique. Mais je bénis toujours le ciel d’avoir fait une mammo le 5 septembre 2000. Le dépistage, ça a quand même du bon !

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Source : Témoignage de Julie Thalamas après un cancer du sein.