Sport : souvenirs en forme de cicatrices

Le sport n'est pas avare de blessures. Ces dernières laissent parfois des cicatrices dont le caractère plus ou moins indélébile dépend à la fois de la gravité des lésions et de l'attention qu'on leur porte.

Le processus de cicatrisation est d'une effroyable complexité. Il est beaucoup plus long qu'on ne l'imagine. Prenons l'exemple d'un boxeur qui s'éclate l'arcade sourcilière lors d'un combat. On lui pose quatre points de suture qu'il gardera dix jours. Passé ce délai, il en déduira peut-être qu'il peut tranquillement retourner au baston. En réalité, il se trouve encore dans la toute première phase de consolidation, dite de collage. Quand on se coupe la peau, une dilatation vasculaire locale se produit par voie réflexe. Cet afflux de sang permet un nettoyage, voire une désinfection de la plaie. Ensuite, la peau se referme superficiellement, mais reste fragile en profondeur. Ce temps de collage varie bien sûr selon que la zone est plus ou moins vascularisée. Sur les paupières, on peut retirer les points au bout de sept jours. Pour le dos et le thorax, en revanche, il faudra patienter deux semaines, parfois plus. Vient ensuite la phase de cicatrisation dite hypertrophique qui dure trois mois. On observe alors l'apparition d'un oedème. La peau est dure et rouge. Elle reste plus fragile. On conseille alors de masser la zone douloureuse pour lutter contre les adhérences. Enfin, entre le troisième et le sixième mois, on assiste à la phase désinfiltrante avec disparition de l'inflammation et atténuation des douleurs. Les sous-couches cutanées se reforment. Mais, contrairement au muscle qui se régénère sans la moindre trace des traumatismes subis, la peau garde ses blessures en mémoire et visibles, et les choses ne redeviennent jamais vraiment comme avant.

Une protection indispensable

Il arrive en effet que la cicatrice reste vilaine, violacée, pigmentée. Pour éviter cela, il faut garder la blessure à l'abri du soleil. Les cellules cicatricielles sont des cellules "neuves" ; le moindre rayon ultraviolet va induire une sécrétion de mélanine et la balafre ressortira d'autant mieux qu'elle sera teintée de rouge ou même de noir. Pendant les six premiers mois, pensez donc au pansement occlusif ou à l'application d'écran total sur la plaie, à renouveler régulièrement en cours de journée. Un autre problème se pose régulièrement : celui de la cicatrice hypertrophique ou chéloïdienne. La peau meurtrie se boursoufle jusqu'à prendre un aspect de pneu de bicyclette. La "tumeur chéloïdienne", comme disent les chirurgiens plasticiens, survient préférentiellement sur les peaux épaisses et grasses, en particulier chez les personnes à la peau noire. Ces cicatrices sont aussi très courantes au niveau du dos ou du sternum. Ainsi, beaucoup d'opérés cardiaques portent une hernie disgracieuse sur la poitrine. Pour l'enlever, on a essayé, sans succès, la radiothérapie ou l'application de corticoïdes locaux. Un nouveau traitement très prometteur vient de voir le jour avec des pansements autocollants à la silicone. Enfin, il faut se méfier d'un dernier avatar du processus de guérison. Il arrive en effet que la cicatrisation produise une sécrétion de molécules rétractiles. Elles tirent alors sur les extrémités de la peau qui se racornit. Ce genre de situation survient prioritairement sur les zones à bords libres (paupières, lèvres) ou également en cas de brûlures, comme en témoigne le visage du coureur automobile Nicky Lauda qui a conservé une apparence cireuse après son accident au Nürburgring en 1976. Ici, le traitement est plus délicat et toujours de longue haleine. Retenons cependant qu'un blessé traité à temps peut retrouver la totalité de ses mouvements. Pour preuve, citons le cas de la coureuse cubaine Ana Fidelia Quirot qui a renoué avec les succès sportifs après avoir souffert d'atroces brûlures dans l'incendie de sa maison.

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