Les antibiotiques, ce n'est plus automatique

Plus gros consommateur d'antibiotiques parmi les pays européens jusqu'en 2001, la France est aujourd'hui le meilleur élève de l'Union. Entre 2002 et 2007, la consommation hivernale d'antibiotiques a chuté de 26,5% et même de 30,1% chez les moins de six ans.

La consommation française d'antibiotiques a chuté de 26%

Jusqu'en 2001, la France était considérée comme le plus gros consommateur d'antibiotiques en Europe. Elle possédait également un des taux les plus élevés de résistance bactérienne. Mais la campagne d'information lancée par la Caisse nationale d'assurance maladie à destination du grand public et des professionnels de santé semble avoir aujourd'hui atteint son but. Une étude récente vient en effet renverser la tendance et classe désormais la France au premier rang des bons élèves européens.

Publiée par la revue anglaise Plos Medicine, l'étude menée conjointement par des chercheurs de l'Inserm et de l'Institut Pasteur montre que le nombre de prescriptions de médicaments anti-infectieux a considérablement diminué entre 2002 et 2007. Toutes générations et régions confondues, la baisse atteint 26,5%. Pour les moins de six ans, elle est même de 30,1%.

Ces résultats dépassent les effets escomptés de la campagne de sensibilisation "Les antibiotiques, c'est pas automatique" de l'assurance maladie, menée chaque hiver entre 2002 et 2007. L'objectif initial fixé par le ministère de la Santé visait en effet une réduction de 25%. La campagne semble efficace au regard des efforts déployés dans d'autres pays européens : le Royaume-Uni, par exemple, affiche seulement une baisse de 5,8% après deux campagnes hivernales en 2004 et 2005. Le coût élevé de la campagne française - avec de nombreux passages des spots sur les chaînes de télévision nationales - a ainsi été largement compensé par les économies réalisées par l'assurance maladie grâce à la diminution de la consommation d'antibiotiques.

La campagne française s'est déclinée en trois volets : sensibiliser le grand public, mener une action ciblée vers les médecins les plus prescripteurs et diffuser des tests de diagnostic pour le seul type d'angine nécessitant la prise d'antibiotiques (l'angine à streptocoques). L'impact de la campagne d'information a fait l'objet d'une évaluation d'envergure, ce qui a permis d'apprécier précisément les retombées du plan national de lutte contre la surconsommation d'antibiotiques. Plus de 450 millions de prescriptions individuelles ont ainsi été analysées, afin d'évaluer la baisse de consommation de semaine en semaine, région par région.

Si l'étude a fourni l'occasion de mesurer une nette réduction des prescriptions, elle n'a pas permis d'identifier les mesures les plus efficaces et potentiellement applicables aux autres pays. Cependant, le succès d'une campagne de sensibilisation est intimement lié à un contexte national particulier (facteurs socioculturels, système de santé...) et une action réussie dans un pays ne fait pas nécessairement recette à l'étranger.

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