Sortie précoce de maternité : un système à organiser

La sortie de maternité est de plus en plus précoce et les risques sont réels. Sans prôner un retour en arrière, l'Académie de médecine recommande d'organiser un relais à domicile systématique, en cas de sortie de maternité avant trois jours révolus. Ce suivi doit être régulier et disponible 24h sur 24.

L'Académie de médecine s'inquiète du raccourcissement de la durée du séjour en maternité, qui, à l'instar d'autres pays, tend à s'installer en France. Aujourd'hui, la sortie précoce, c'est-à-dire avant trois jours révolus, est effective dans 7% des cas, contre 3% en 1994. En Ile-de-France, cette proportion atteint même 15,7%, voire 30% à Lyon. Cette pratique ne serait pas dangereuse, si des dispositions adéquates assuraient partout sur le territoire un relais de soins à domicile approprié.

Et effectivement des données recueillies à l'étranger montrent qu'en l'absence d'un suivi organisé, le nouveau-né est exposé à des risques de morbidité accrus, notamment dans les familles à risque médical ou social.

Les académiciens rappellent que la première semaine de vie est une période cruciale durant laquelle le nouveau-né doit s'adapter à un nouvel environnement, acquérir l'autonomie de ses fonctions vitales et assurer sa croissance. Même à terme, le bébé est particulièrement vulnérable. Durant les premiers jours, son organisme subit des adaptations très importantes : la consommation d'oxygène et le métabolisme sont triplés à la naissance, la régulation ventilatoire s'étend sur 2 à 3 jours, l'adaptation de la tension artérielle nécessite 3 ou 4 jours, la maturation rénale se fait en une à deux semaines, le développement des villosités intestinales prend au moins un délai de 4 jours. Parallèlement, la reprise du poids de naissance entre le 5e et le 7e jour, constitue un indice simple de la qualité d'adaptation.Ces premiers jours de vie représentent une période d'observation attentive pour détecter le plus tôt possible le moindre indice de dysfonctionnement. Or cette détection, qui nécessite une connaissance appropriée de la physiologie néonatale, doit être réalisée par des professionnels. Toute rupture dans la surveillance de l'enfant durant cette période peut être cause d'un retard de diagnostic et de traitement.Les experts rappellent également que la naissance se fait rarement sans l'usage de médicaments. L'imprégnation par des médicaments hérités de la mère est réelle, et l'élimination souvent lente peut également retarder l'adaptation néonatale.

C'est ainsi que l'Académie de médecine, sans se prononcer contre la sortie précoce de maternité (trois jours révolus minimum), recommande la mise en place de dispositifs de relais pour les soins à domicile disponibles 24 heures sur 24. Certes, des structures publiques ou privées ont vu le jour, principalement en Ile-de-France, à Lyon et à Grenoble, mais elles sont hétérogènes et nombre de régions ne sont pas dotées de moyens adéquats. Il est essentiel de « garantir un système de relais à tous, assurant des soins de qualité équivalente à celle proposée en maternité, ainsi que le dépistage des affections congénitales et l'examen de santé obligatoire du 8e jour ». Des dispositions réglementaires sont indispensables.

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Source : Conférence de presse de l'Académie nationale de médecine, 21 juin 2005.