Consultations de tabacologie et arrêt du tabac, premier bilan

Un dossier médical informatisé, destiné à structurer la prise en charge des personnes désireuses d'arrêter de fumer, est à la disposition des tabacologues depuis le début de l'année 2001*. Initiateur de ce projet aux côtés du ministère de la Santé, de l'Assurance maladie et de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES), le Pr Joël Ménard** en dresse un premier bilan.

e-sante : Quelle est l'utilité de ce dossier informatisé ?

Pr Ménard : Suite au plan Kouchner de 1999, préconisant de mieux organiser la prise en charge du sevrage tabagique, des tabacologues se sont réunis pendant un an et sont parvenus à un consensus autour de 25 items.

Ces 25 questions, considérées comme indispensables pour évaluer la situation du fumeur, ont été divisées en quatre chapitres au sein du dossier médical : les données générales sur la personne (âge, sexe etc.), l'évaluation de son degré de dépendance, un auto-questionnaire sur sa tendance anxieuse ou dépressive, et les maladies associées au tabagisme.

Ce dossier amène une certaine logique dans la consultation. Et la transmission des données (anonymes) à un serveur central permet de faire le bilan des consultations et d'en voir l'évolution continue.

e-sante : Quel est le profil des consultants ?

Pr Ménard : Près de 6.000 personnes ont été examinées à l'aide de ce dossier médical, dans 14 régions et 29 consultations hospitalières.Première constatation, les femmes représentent la moitié de ces patients (3.053 femmes pour 3.044 hommes), alors qu'elles sont moins nombreuses à fumer dans la population (INSEE).

Ce sont surtout des femmes jeunes qui consultent, puisqu'elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes dans la tranche des 25-30 ans et majoritaires jusqu'à 45 ans. Autrement dit, les femmes sont plus attentives à leur santé et réagissent plus rapidement que les hommes, qui pour leur part se présentent souvent avec 30 ans de tabagisme derrière eux.

Par ailleurs, les consultants sont souvent de gros dépendants, comme le montre une moyenne au test de Fagerström (dépendance à la nicotine) de 6/10. La prise d'antidépresseurs par 17% d'entre eux et d'anxiolytiques par 20% montre l'importance des facteurs psychologiques. Enfin, les maladies cardiovasculaires associées touchent 20% des hommes et 7% des femmes, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO) 19% des hommes et 18% des femmes. On peut donc parler de malades graves, qui entreprennent une démarche d'arrêt du tabac très difficile.

* Le dossier disponible sur le site Internet de la Faculté de médecine Broussais - Hôtel Dieu : http://cdtnet.spim.jussieu.fr. ** Directeur général de la santé de 1997 à 1999, le Pr Joël Ménard est professeur en santé publique à la Faculté de médecine Broussais - Hôtel Dieu.

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Source : INPES, Tabac Actualités n°32, décembre 2002.