La Santé des femmes en situation précaire

De plus en plus de femmes à la rue...L'exclusion va grandissant, et parmi les personnes en situation précaire, les femmes, les jeunes et les familles sont de plus en plus nombreux. La Journée scientifique du Samusocial de Paris tire la sonnette d'alarme.

Comme le résume le Dr Xavier Emmanuelli, président du Samusocial, « la crise n'est pas saisonnière, c'est la crise de la société toute entière. Au-delà des classiques plans d'hiver, il faut absolument un sursaut ». La santé des femmes précaires nécessite une prise en charge spécifique. Le Dr Bernard Guillon, gynécologue et bénévole dans plusieurs ONG, s'est battu pour défendre cette idée et créer l'Association pour le développement de la santé des femmes.Selon une étude menée depuis trois ans auprès d'une quarantaine de femmes âgées de 20 à 60 ans, elles témoignent toutes de multiples violences subies, parfois dès l'enfance : abus sexuels, violences conjugales, agressions physiques, rejet familial, stigmatisation sociale… A force de répétitions, cette maltraitance est à l'origine de la perte de leur logement. Elles ont une estime et une image d'elles-mêmes au plus bas, d'autant plus accentuées qu'elles ne bénéficient pas d'une vie intime, que leur corps est constamment exposé au regard d'autrui, notamment à celui des hommes. Ces femmes pâtissent d'un manque d'accès à la contraception et au planning familial. Et par exemple, l'utilisation du préservatif est difficile car il existe une dépendance par rapport à leur partenaire, un espoir de constituer un foyer, d'une resocialisation. Les prises de risque sont ainsi fréquentes, avec pour conséquence probable, une importante prévalence d'infections sexuellement transmissibles (IST). De plus, les pratiques de dépistage sont quasi-inexistantes chez ces femmes, qu'il s'agisse des IST, du sida ou des cancers (sein, col de l'utérus).La grossesse est un des gros problèmes des femmes à la rue. En région parisienne, elles sont 1.500 à donner naissance à un enfant chaque année. Elles n'ont bénéficié d'aucun suivi médical durant toute leur grossesse. Il n'est pas rare qu'elles soient renvoyées à la rue avec leur bébé dès le 9e jour après l'accouchement… Comment les accueillir ? Il existe quelques rares initiatives, comme le Réseau Paris Maman créé par le Centre d'action social protestant (Casp). Ces jeunes femmes enceintes sont généralement célibataires, seules et sans autre enfant. Elles n'ont pas de papiers et ont été déboutées du droit d'asile.

Consultations gynécologiques

Diverses structures de santé peuvent accueillir les femmes sans abri, comme le Palais de la femme (Armée du Salut, Paris 11e), les centres mixtes du Samusocial (boulevard Richard-Lenoir à Paris et à Montrouge), la Halte des femmes (quartier gare de Lyon), les refuges de la Croix-Rouge française. Il existe également des consultations mobiles gérées par Médecins du monde.Mais la situation des femmes en précarité se dégrade encore et nombre d'entre elles, réfugiées dans des caves, des cabanes ou des squats, échappent à toutes prises en charge. Il en est de même de celles qui sont victimes d'alcoolisation ou de troubles psychiques. Davantage de centres d'hébergement, d'équipes de soins mobiles et des prises en charge spécialisées sont plus que nécessaires. Ils doivent s'adresser aux femmes mais aussi aux jeunes et aux familles. En 2001, 6.663 familles et 7.900 personnes ont été hébergées via le 115 (numéro d'urgence du Samusocial), soit plus de 900.000 nuitées sur l'année…Association pour le développement de la santé des femmeswww.adsfasso.org Samusocialwww.samusocial-75.fr

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Source : Le Quotidien du médecin, 12 décembre 2005.