Les enfants mangent toujours aussi mal à la cantine !

En 2001, une circulaire ministérielle a démontré que l'administration s'intéressait à l'équilibre alimentaire des enfants. Or chaque année, il semblerait que les quatre objectifs définis initialement soient davantage bafoués. Aujourd'hui, moins de 30% des cantines examinées respectent les normes.

En juin 2001, le 25 très exactement, une belle circulaire ministérielle était publiée qui réjouissait le monde médical, nutritionnel et celui des parents d'élèves.Cette circulaire précisait, en termes clairs, comment les repas servis en restauration scolaire devaient être composés. Elle précisait quatre objectifs prioritaires :

  • diminuer les apports de lipides sans minorer les apports de protéines ;
  • augmenter les apports en fibres et en vitamines ;
  • augmenter les apports en fer et en calcium ;
  • fournir au déjeuner de 8 g (écoles maternelles) à 11 g (écoles primaires) de protéines de bonne qualité ; 180 et 220 mg de calcium ; 2,4 et 2,8 mg de fer.

Les moyens pour y arriver étaient détaillés, fixant des fréquences minimales pour certains plats contribuant à augmenter fibres, vitamines, calcium, fer, protéines et des fréquences maximales pour limiter les plats riches en lipides.Les saucisses n'étaient pas virées des menus, mais presque ! Les légumes verts étaient imposés, les fruits aussi, la viande rouge également (pour le fer), un laitage à chaque repas (c'est ce qu'il faut pour obtenir 180 à 220 mg de calcium). Bref, tout était bien calé et ce, après de longs mois de réunions, négociations avec toutes les instances concernées. Alléluia ! Enfin l'administration s'intéressait à l'équilibre alimentaire des enfants (les dernières instructions dataient de 1971), entreprenait la lutte contre l'obésité enfantine. C'était donc en 2001.

En 2002, le journal professionnel Néo-Restauration lançait une vaste enquête pour vérifier si les normes de la circulaire de juin 2001 étaient respectées ou non. En 2003, le CERIN (Centre de recherche et d'information nutritionnelle) reprenait la même enquête selon les mêmes critères. Elle a été conduite par une diététicienne chevronnée, Marie-Line Huc. L'échantillon porte sur 57 communes groupant 6,6 millions d'habitants et servant près de 311.000 repas par jour. L'enquête est basée sur un questionnaire écrit et sur l'analyse critique de deux mois de menus (2 x 20 menus). Elle s'appuie sur l'évaluation de 17 critères établis à partir des recommandations de la circulaire. C'est donc du sérieux, pas un sondage ! Tout cela aboutissant à une note de 0 à 20.

En 2002, 41,4% des communes semblaient respecter les normes. Elles ne sont plus que 29,8% en 2004. Quelles que soient les régions, les scores sont en baisse (sauf dans le Sud-Est) et plus particulièrement ceux du Nord et du Nord-Est. Or, il semble bien que c'est justement dans ces régions-là que l'obésité enfantine grimpe le plus en flèche. Note moyenne de toutes les communes : 11,25. Certes, 100% d'entre elles limitent les charcuteries et autres entrées riches en matières grasses, 94% les frites, 93% les biscuits et pâtisseries et 91% mettent en bonne place les crudités. Mais :

  • 51 % de ces communes limitent les plats riches en protéines : seulement 42% offrent régulièrement des viandes rouges et 27% des poissons de qualité ;
  • 50% mettent régulièrement des légumes cuits au menu (elles étaient 60% en 2002) ;
  • 40% respectent la qualité des fromages et des laitages ;
  • 39% limitent les plats riches en protéines et pauvres en lipides : la saucisse n'a pas vraiment disparu !

Certes, on peut épiloguer sur les goûts des enfants qui aiment le beefsteak haché et pas les légumes. Et sur les gestionnaires qui démissionnent devant l'ampleur du gâchis en fin de repas. Mais les petits aiment tous les yaourts !

Mais une circulaire ministérielle, ce n'est pas une loi. Il n'y a pas de sanction si elle n'est pas respectée. Son application ne dépend que de la prise de conscience de la nécessité d'appliquer ses recommandations et sur la volonté de mettre les moyens en œuvre pour cela. Les parents d'élèves ont leur mot à dire. Car il ne faut pas oublier que la restauration scolaire a un double rôle : nourrir et éduquer. Ne serait-ce pas à eux de faire en sorte que ce deuxième rôle soit pris en compte ? Chaque école doit être en mesure de fournir les menus aux parents qui le demandent : ça, c'est obligatoire. Si vous avez des enfants et que vous vous souciez de leur santé future, examinez les menus de la cantine. Et brandissez la circulaire interministérielle à la prochaine réunion de parents d'élève. Sa référence : n° 2001/118 du 25 juin. 2001. Vous la trouverez à cette adresse : http://www.education.gouv.fr/prat/restauration_scolaire.htm.

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