La rubéole se joue des frontières

Dix années de vaccination contre la rubéole aux Etats-Unis se sont soldées par un échec. La cause : une politique vaccinale limitée au seul territoire des Etats-Unis et qui ne tient pas compte des populations immigrantes en provenance du Mexique et des Caraïbes.

Depuis 1989, les Etats-Unis suivent une politique vaccinale visant à éradiquer la rubéole et le syndrome de rubéole congénital qui peut atteindre les enfants dont les mères ont été infectées au cours des quatre premiers mois de leur grossesse. Ce syndrome se traduit, dans le meilleur des cas, par des pathologies affectant le fœtus, même au-delà de la naissance. Mais l'infection intra-utérine par le virus de la rubéole peut également aboutir à des malformations graves affectant les yeux, le système auditif, cardio-respiratoire ou encore nerveux. Si les pathologies du fœtus peuvent être traitées dès la naissance et régresser, les malformations, elles, sont malheureusement irréversibles.

Après plus de 10 ans de vaccination sur l'ensemble du territoire des Etats-Unis, est venue l'heure du bilan. Les chiffres parlent d'eux-mêmes:

  • il y a eu moins de 300 cas de rubéole par an aux Etats-Unis entre 1992 et 1999 (année 98 mise à part);
  • l'incidence de la maladie a diminué chez les enfants de moins de 15 ans au cours de la décennie qui a suivi la prise des mesures de vaccination (0,63 cas pour 100.000 habitants en 1990 contre 0,06 en 1999, soit 10 fois moins en 9 ans);
  • à l'inverse, l'incidence chez les adultes de 15 à 44 ans a presque doublé, passant de 0,13 à 0,24 en moyenne, avec une progression plus nette dans les populations hispaniques qui elles sont passées de 0,06 cas pour 100.000 habitants à 0,97 entre 1992 et 1998.

Loin d'être éradiquée, la maladie a progressé chez les personnes adultes, notamment dans les populations hispaniques issues de l'immigration. Ces chiffres illustrent parfaitement l'inadaptation d'une politique de vaccination limitée au seul territoire des Etats-Unis. Les personnes se déplacent, et avec elles les germes qu'elles véhiculent. La politique vaccinale doit donc s'établir dans un cadre beaucoup plus large. Ainsi, pour contrer la maladie et prévenir de futures épidémies, les Etats-Unis devront adopter une stratégie de vaccination qui englobera les populations hispaniques venant du Mexique et celles des Caraïbes, principaux viviers de l'immigration.

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