Montre-moi tes gènes, je te dirai quel sport pratiquer

Un laboratoire australien vient de mettre au point une méthode pour déterminer le sport qui correspond le mieux à vos capacités athlétiques. On n'arrête pas le progrès !

Jusqu'il y a peu, le laboratoire « Genetic Technologies » de Melbourne était surtout sollicité dans les affaires criminelles. Mais depuis l'année passée, il a fait son entrée dans le sport en proposant de dépister les gènes de la performance. La clientèle est en majorité constituée de parents qui viennent avec leur progéniture, un peu comme on se rend chez le pédiatre. Après prélèvement de quelques cellules dans la bouche de l'enfant, on procède à des analyses. Les résultats sont ensuite envoyés aux parents qui pourront ainsi poser rationnellement le choix d'une discipline sportive pour leur progéniture.

Dites 109

Le verdict repose sur l'identification de 109 gènes impliqués de près ou de loin dans les mécanismes de production d'énergie. Deux d'entre eux font l'objet d'une attention particulière : les gènes ACE, impliqués dans la circulation sanguine, et le gène ACTN3, responsable de la production d'une protéine qui caractérise les fibres musculaires des meilleurs sprinters, lanceurs, sauteurs et autres représentants de l'élite dans les disciplines de force explosive. Chez "Genetic Technologies", on considère ces deux gènes comme les véritables critères de démarcation athlétique.

Les gènes de l'emploi

Se faisant fort du succès rencontré en Australie, la société ambitionne à présent de conquérir le monde et de s'implanter aussi en Europe. La méthode recevra-t-elle le même accueil qu'en Australie ? Ce n'est pas sûr. Car des voix s'élèvent déjà contre une démarche jugée tantôt inutile, tantôt discutable sur le plan éthique. " Les parents un tant soit peu perspicaces remarquent tout de suite les prédispositions physiques de leurs enfants ", explique le Dr Leslie Cannold de l'Université de Melbourne. " Pas besoin d'examen génétique pour cela ! " Quant à la question d'un possible détournement de la méthode à des fins d'eugénisme, elle est imminente. Que se passera-t-il par exemple le jour ou un club ou une fédération soumettra l'engagement d'un jeune athlète à un profil génétique spécifique ? Dans le flou éthique actuel, on assiste d'ailleurs à un foisonnement d'initiatives plus ou moins avouables. En Australie, Genetic Technologies a introduit son test dans plusieurs clubs d'aérobic, mais aussi sur Internet, tandis que certaines structures professionnelles ont déjà sauté le pas comme le club de rugby des Manly Sea Eagles en banlieue de Sydney. Depuis deux saisons, le staff médical dépiste une douzaine de gènes pour chacun des joueurs de l'effectif, ce qui, de source officielle, permet de concocter un entraînement plus personnalisé. Les dirigeants du club se déclarent très satisfaits : " En termes de performance et de gestion de l'effectif, la méthode nous procure un avantage de l'ordre de 15 à 20%! ". Si c'est vrai, ce sera bientôt la ruée.

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