617 médicaments vont être déremboursés

Le gouvernement vient d'annoncer une liste de 617 médicaments dont le remboursement par la Sécurité sociale passerait de 65% à 35%. L'objectif : faire des économies. On s'interroge sur l'intérêt réel de cette mesure : désengagement de la Sécu, montée en puissance des mutuelles, des assurances… ?

Ce plan de déremboursement partiel, applicable en mai, devrait permettre une économie de 370 millions d'euros par an.

Les professionnels de santé, les mutuelles, le monde syndical et les associations de consommateurs ont du mal à trouver la cohérence de cette décision. En effet, sur cette liste se trouvent les trois médicaments les plus prescrits, le Zyrtec®, la Clarityne® (deux antihistaminiques employés dans le traitement des allergies) et le Zovirax®, ainsi que d'autres très couramment employés comme le Voltarène® (contre le mal de dos), le Vogalène® (contre les nausées).Globalement, les trois quarts de ces médicaments sont d'usage courant, peu onéreux et dont l'efficacité a été largement prouvée.S'ajoute le fait qu'il existe déjà une liste classant les médicaments en trois catégories, selon que leur « service médical rendu (SMR) » a été jugé « bon », « modéré » ou « insuffisant ». Or, la plupart des 617 prescriptions qui seront déremboursées appartiennent au moins à la seconde catégorie, celles des SMR modérés. En l'absence d'un fondement médical évident, on s'interroge sur l'enjeu financier.

Pour certains, la pression de l'industrie pharmaceutique pourrait être une des explications. En effet, en observant de près cette liste, il semblerait que les laboratoires français soient pas ou peu touchés. Les produits à SMR insuffisant sont souvent fabriqués par des laboratoires français, pour lesquels ils constituent de véritables rentes. En s'attaquant à des spécialités peu onéreuses parce qu'anciennes, produites par des laboratoires étrangers, le gouvernement prépare peut être les industriels français à l'étape suivante : la prochaine liste de déremboursement concernera les médicaments à SMR insuffisant…

Autre hypothèse, un désengagement de la Sécu sur le dos des mutuelles et des assurances (pour ceux qui en ont), et par répercussion, sur celui des patients. La vaste réforme de la Sécu annoncée pour l'automne par le ministre de la santé, Jean-François Mattei, « préconisait dans le rapport Chadelat un transfert de prise en charge de l'assurance maladie obligatoire vers les assurances mutuelles complémentaires », moyennant forcément une hausse des cotisations des assurés. Les Français vont-ils se soigner de moins en moins bien ?

Rappelons néanmoins que la Sécu est à bout de souffle : les dépenses de santé ne cessent d'augmenter (+7,8% en un an) et son déficit cumulé pour 2002-2003 est évalué à 16 milliards d'euros.

Liste non exhaustive des principaux médicaments fréquemment prescrits, dont le taux de remboursement par la Sécu devrait passer de 65 à 35%. La liste intégrale a été publiée au « Journal officiel ».Cliquez ici

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