Non ! Le traitement du diabète n'est pas une médecine de confort

L'Association Française des Diabétiques (AFD) s'indigne contre le projet du ministère de la Santé de déremboursement partiel des dispositifs d'autocontrôle et d'autotraitement du diabète. Selon le vice-président de l'AFD, cette mesure qui reviendrait à assimiler le traitement du diabète à une médecine de confort, constituerait une véritable discrimination.

Interview de Gérard Raymond, Vice - président de l'Association française des diabétiques.

e-sante : Quelles seraient les conséquences d'un tel déremboursement partiel des produits de contrôle et de traitement du diabète ?

Gérard Raymond : A très court terme, le déremboursement partiel des produits de contrôle et de traitement du diabète aurait pour résultat d'engendrer une petite économie. Mais cette économie aurait pour conséquence une baisse de la qualité et de la régularité des soins. Donc les risques et surtout les complications liées au diabète vont augmenter. Dans quelques années, on ne parlera plus du « trou » de la sécurité sociale, mais d'un véritable « gouffre » et d'une catastrophe sanitaire du point de vue du diabète. Aujourd'hui déjà, la qualité des soins et leur suivi ne donnent pas de résultats significatifs pour les patients diabétiques en France. Le diabète est la première cause de cécité avant 65 ans, la première cause d'amputations non traumatiques (15.000 diabétiques sont amputés chaque année, pour un coût de 525 millions d'euros), l'une des principales causes de dialyse et une source importante de complications cardiovasculaires.

e-sante : Avez-vous une idée du nombre de diabétiques qui ne prennent pas leur traitement en raison de leur coût ?

Gérard Raymond : L'étude ENTRED* (Échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques) met en avant que 18% des patients renoncent à leur traitement pour des raisons financières. Les mesures envisagées de déremboursement partiel des produits de contrôle et de traitement du diabète ne feront qu'aggraver ce pourcentage. L'autocontrôle et l'autotraitement sont des éléments fondamentaux des avancées thérapeutiques en diabétologie. La restriction de l'accès aux outils d'autotraitement ramène les diabétiques dans une situation de prisonnier de leur handicap et leur retire leur capacité d'autonomie et d'insertion. Les complications liées au diabète ne sont pourtant pas une fatalité. Une véritable politique de prévention liée à une bonne éducation des patients diabétiques et un suivi de proximité optimal, pourront à terme faire faire des économies à la sécurité sociale, conformément aux principes énoncés dans la Loi relative à la politique de Santé Publique du 9 août 2004. »

* Dossier complet sur l'étude Entred en ligne sur www.invs.sante.fr

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