Mélatonine et cancer : pas de cocktail miracle

Après évaluation, le fameux " Cocktail Di Bella ", associant de la mélatonine à d'autres hormones et à divers médicaments, s'avère sans efficacité démontrée dans le traitement du cancer avancé.

Le " Cocktail Di Bella " - du nom du physiologiste italien qui a fait sa réputation sur ce produit - est un mélange de médicaments. Il contient notamment de la mélatonine (non autorisée en France) et plusieurs hormones: de la bromocriptine (Parlodel°, Bromo-Kin° Gé) - qui inhibe le fonctionnement de l'hormone prolactine - et de la somatostatine (Modustatine°, Somatostatine UCB°) ou un de ses proches parents, l'octréotide (Sandostatine°) - qui inhibent l'hormone de croissance.

UNE ÉVALUATION DÉCEVANTE

Proposé en Italie depuis les années 1970, le " Cocktail Di Bella " a fait l'objet de onze essais cliniques non comparatifs sur un total de 395 malades (tirés au sort sur plusieurs milliers de volontaires) souffrant de huit types de cancers différents. Dans tous les cas, la maladie était à un stade avancé, et il n'existait aucun traitement connu ayant un rapport bénéfices/risques favorable.

Au bout de 2 mois, sur ces 395 malades, aucun n'a été guéri ou n'a bénéficié d'une " rémission complète " (arrêt de développement de son cancer). Et seulement trois patients (0,8 %) ont eu une rémission partielle. 25 % des malades sont décédés. Autrement dit, le prétendu " Cocktail miracle anti-cancer " n'a eu aucun effet tangible. Au point que les chercheurs qui ont publié les résultats estiment inutile de mettre sur pied des essais comparatifs (qui seraient plus démonstratifs) pour poursuivre l'évaluation.

LA PRESSION DES MÉDIAS ET DE LA JUSTICE

Comme nombre d'autres traitements, " Cocktail Di Bella ", présenté par son promoteur comme quasi-miraculeux, avait enflammé les médias et était devenu particulièrement populaire en Italie. Au point que malgré l'absence d'évaluation, la Cour constitutionnelle italienne avait obligé l'Assurance maladie de l'État à l'inclure dans la liste des traitements remboursables. Ce qui avait finalement conduit le ministère italien de la Santé à financer ces études cliniques. En définitive, n'ayant pas la moindre efficacité observable, le Cocktail Di Bella ne peut que contribuer à dégrader l'état des malades atteints d'un cancer avancé. Moralement, en leur faisant miroiter un espoir fallacieux, aussitôt démenti par les faits. Et physiquement, en raison des effets indésirables possible de ces multiples médicaments: hypotension, ralentissement du coeur, nausées, vomissements, constipation, maux de tête, somnolence, sensations de vertige, confusion mentale, hallucinations voire délire, sécheresse de la bouche, oedèmes, etc.

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Source : Prescrire rédaction "Mélatonine et cancer : essais négatifs d'un cocktail.", Prescrire 2000 ; 20 (203) : 140. " Inhibiteurs de la prolactine ", " Somatostatine et analogues " In " GNP - Encyclopédie pratique du médicament 2000 " Vidal° éd., Paris 1999 : 514-517 ; 639-640.