Dépistage du cancer du sein, où en sommes-nous ? (Interview du Docteur Espié, cancérologue)

Une grande campagne de dépistage du cancer du sein a été mise en place en France. Toutes les femmes de 50 à 70 ans vont recevoir une invitation pour y participer. Le point avec le Dr Marc Espié, cancérologue, spécialiste du cancer du sein.

e-sante : Une grande campagne de dépistage du cancer du sein a été mise en place en France. Quelles en sont les nouvelles mesures et qu'apportent-elles ?

Dr Marc Espié : Jusqu'à présent, le dépistage de masse organisé concernait une trentaine de départements. Le programme était coordonné localement. Souvent, un seul cliché oblique externe était effectué tous les trois ans, sans examen clinique. Les doubles lectures n'étaient pas obligatoirement effectuées par des radiologues experts en mammographie. Il a été très difficile de mettre en place des recueils exhaustifs des données. Ces programmes ont eu le grand mérite d'imposer des expertises d'assurance qualité de la chaîne radiologique et des programmes de formation ont été développés en direction des radiologues et des manipulateurs.

Le point faible de ces programmes expérimentaux a été une participation insuffisante des femmes, entre 30 et 50% contre les 60% nécessaires pour espérer une réduction de la mortalité. Il existait parallèlement un diagnostic individuel important.

Actuellement, la mammographie du dépistage de masse organisé est devenue identique à celle effectuée en diagnostic individuel (deux clichés par sein et un examen clinique par le radiologue, avec un cliché supplémentaire si nécessaire). La deuxième lecture est systématique en cas d'examen normal, elle est centralisée par des radiologues spécialisés. Si la mammographie est anormale, le radiologue peut le jour même effectuer des gestes complémentaires. Les résultats sont adressés aux femmes après la deuxième lecture. Les mammographies seront rendues aux femmes et non plus stockées par les structures de gestion.

Ce dépistage de masse organisé concerne les femmes de 50 à 69 ans et peut être poursuivi jusqu'à 74 ans pour les femmes qui ont déjà participé au dépistage. Les convocations sont adressées directement aux femmes par la structure de gestion du programme, mais elles peuvent s'y adresser directement, de même que les médecins, afin d'obtenir une invitation.

Le programme comprend un niveau national chargé de l'impulsion, de la coordination et de la surveillance, un niveau régional chargé de l'appel à candidature des structures de gestion du plan d'information et de formation et du suivi des indicateurs de qualité et un niveau départemental de mise en oeuvre placé sous la responsabilité du Conseil Général qui coordonne le dépistage en accord avec les organismes d'Assurance Maladie. Ce dépistage fonctionne donc avec les structures radiologiques existantes publiques ou privées sur un mode décentralisé et ne correspond pas aux modèles européens existants. Ce programme est adapté au système de soins français, il nécessite pour réussir que tout le monde « joue le jeu » et que les professionnels de santé et en premier lieu les généralistes ne s'en sentent pas exclus et incitent les femmes à y participer.

e-sante : Que retenir en pratique ?

Dr Marc Espié : Grâce aux nouvelles modalités du dépistage de masse, la mammographie proposée est de qualité identique à celle qui est effectuée sur prescription médicale. Pour assurer le succès de ce dépistage de masse une importante participation des femmes et une mobilisation des professionnels de santé est nécessaire. Toutes les femmes de 50 à 70 ans vont recevoir une invitation pour y participer.

Certaines ne « rentrent » pas dans les critères du dépistage de masse, ce sont celles qui nécessitent une surveillance plus rapprochée, par exemple les femmes qui ont été traitées pour un cancer du sein ou celles qui nécessitent dépistage plus précoce comme par exemple celles qui ont de nombreux antécédents de cancer du sein dans leur famille, survenus à un âge jeune.

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