INTERVIEW : L'humour, un traitement adjuvant au cancer du sein

Béatrice Maillard-Chaulin* est l'auteur d'un ouvrage original. Elle y raconte avec humour et dérision sa lutte contre " Marcel ", le nom qu'elle a donné à son cancer du sein (cet intrus qui s'attaque à son " lolo "). Selon certains cancérologues, ce livre devrait être remboursé par la Sécurité sociale. Nous l'avons interrogée.

Pourquoi avez-vous écrit ce livre ?

Béatrice Maillard : Ce livre est le fruit du hasard. Un ami éditeur est venu plusieurs fois me rendre visite à l'Institut Curie où j'étais soignée. A chacune de ses visites, je lui racontais les incidents drôles de la journée. (Et il y en a dans un hôpital quand on se donne la peine de les observer !) Il a trouvé que cela pourrait être une bonne occasion d'aborder le cancer d'une façon différente. Une façon originale de dédramatiser les choses. Il m'a conseillé de prendre des notes.... et je me suis prise au jeu de l'écriture avec grand bonheur. C'est ainsi que le livre est né. Je me suis beaucoup amusée en l'écrivant et cela m'a certainement bien aidée. Tourner quelque chose en dérision permet de prendre du recul, et particulièrement par rapport au cancer, cela me paraît très sain. Il n'y a malheureusement pas de recette miracle pour échapper à cette calamité (sinon ça se saurait !). C'est pourquoi tous les moyens sont bons pour sortir la tête de l'eau. L'humour a tout à fait sa place dans la liste.

Comment en êtes-vous venue à personnaliser votre cancer du sein en le nommant Marcel ?

Béatrice Maillard : Ce cancer s'est introduit dans ma vie comme un intrus. Pour mieux le matérialiser j'ai décidé de lui donner un nom et de le mettre en scène. L'ennemi était ainsi clairement identifié, le ring était en place. La guerre pouvait donc commencer. J'ai utilisé la seule arme à ma portée, l'humour. Se cramponner aux choses drôles permet souvent de ne pas trop faire attention aux autres sujets, parfois assez durs à supporter. Je pense par exemple aux mauvais moments de la chimio. Juste après les perfusions, je repartais directement au bureau. De grands instants de bonheur, comme vous pouvez l'imaginer ! Cet humour qui pourrait, à première vue, paraître bien superficiel m'a cependant considérablement aidée dans mes rapports avec les autres. Sans m'en rendre compte, je les ai mis à l'aise et j'en ai fait des alliés. Le combat solitaire s'est ainsi transformé en sport d'équipe, pour le bien de tous.

Pensez-vous que sans moral on ne peut vaincre la maladie ? Est-ce pour cela que les cancérologues disent qu' " il devrait être remboursé par la Sécurité sociale " ?

Béatrice Maillard : J'espère bien que non car cela condamnerait ipso facto tous les malades ayant le blues ! Trêve de plaisanterie, je pense sincèrement que tous les moyens qui permettent de garder un bon moral sont bons à prendre et ne peuvent être qu'une aide dans le processus de guérison. La maladie nous fragilise et l'édifice peut à chaque instant s'effondrer tel un château de cartes. Alors, pratiquer l'humour quotidiennement peut être une bonne prévention contre l'agresseur Marcel. Il suffit de prendre un peu sur soi au départ et très vite cela devient un réflexe. C'est comme pour les abdominaux, il suffit de pratiquer un peu chaque jour et après ça va tout seul !

Pour en savoir plus : http://www.journaldunsein.com/

* Journal d'un sein, Beatrice Maillard-Chaulin / Jean-Claude Killy, Ed. Corsaire Editions.

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Source : Journal d'un sein, Beatrice Maillard-Chaulin / Jean-Claude Killy, Ed. Corsaire Editions.