A quand la vérité sur les retombées radioactives de Tchernobyl ?

Dans un rapport qui vient de paraître, la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité) publie un atlas des zones contaminées par les retombées radioactives de Tchernobyl. Elle accuse l'Etat français d'en avoir minimisé l'ampleur et de ne pas avoir pris les mesures préventives qui s'imposaient. Une controverse qui ne prendra fin qu'avec la mise en place d'une étude épidémiologique permettant d'évaluer l'impact de ces retombées sur la santé publique.

Lorsqu'en avril 1986, la centrale de Tchernobyl explose, un nuage radioactif se forme et les vents l'entraînent vers l'Est. Vers la fin du mois d'avril, les autorités françaises estiment que le nuage s'est dispersé avant d'atteindre les frontières françaises. Selon le SCPRI (Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants), les niveaux de contamination qui ont atteint la France, étaient bien trop faibles pour présenter des dangers pour la santé publique. A l'inverse d'autres pays, comme l'Allemagne, l'Italie ou la Grèce par exemple, la France n'a donc pris aucune mesure préventive visant notamment à supprimer de l'alimentation des produits susceptibles de concentrer la radioactivité comme les champignons ou les laitages.

La CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité) s'est fondée en 1986, au lendemain de l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Elle s'était alors donnée pour mission d'effectuer des mesures de radioactivité indépendante de celles de l'Etat. Elle a ainsi procédé à plus de 3000 mesures dans toute l'Europe entre 1999 et 2001 et vient de publier une cartographie des zones contaminées. Au vu de ses résultats, il apparaît que le territoire français a bel et bien été touché. Tout l'Est de la France, depuis l'Alsace-Lorraine jusqu'à la Corse, a été contaminé et l'est encore. Ces résultats n'ont pas été contestés par les autorités. Au contraire, le responsable de l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN) aurait même reconnu que les chiffres officiels de l'atlas européen dressé en 2001 étaient faux.Selon le rapport de la CRIIRAD, le nuage a bien survolé la France au début du mois de mai 1986, puis s'est répandu dans tout l'hémisphère Nord pour atteindre finalement les Etats-Unis. Les contaminations au sol se sont faites de manière très hétérogène en fonction de la pluviosité.Le laboratoire indépendant accuse le SCPRI d'avoir minimisé les risques et de n'avoir pas pris les mesures sanitaires qui s'imposaient. Il demande à ce qu'une étude épidémiologique fasse enfin la lumière sur les impacts de ces retombées radioactives sur la santé publique.

Une évaluation des risques de cancer de la thyroïde lié aux retombées de Tchernobyl a tout de même été réalisée à la demande de la Direction générale de la santé. L'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN) et l'Institut de veille Sanitaire (InVS) ont rendu public leurs résultats en décembre 2000. Selon eux, le cancer de la thyroïde est une pathologie rare qui est en constante augmentation depuis plus de 20 ans. Aucun infléchissement de cette courbe n'a été observé depuis l'accident de Tchernobyl. Cette augmentation pourrait donc être seulement due à l'amélioration des pratiques de diagnostic et de traitement des maladies de la thyroïde. Une hypothèse qui reste toutefois à vérifier.En attendant, 300 malades de la thyroïde portent plainte devant la justice, persuadés que leur cancer thyroïdien est imputable aux retombées radioactives de Tchernobyl.

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