La douleur n'est pas normale, même chez la personne âgée

La douleur chez la personne âgée est tellement fréquente qu'elle est presque considérée comme normale. C'est ainsi que 40% des douleurs ne sont pas soulagées. La prise en charge de la douleur, malgré de grands progrès, reste insuffisante. La difficulté pour la personne âgée est de l'exprimer, celle de l'entourage est de la détecter et d'en apprécier l'intensité…

Le plus souvent, le patient sait exprimer sa douleur et son intensité. Une prise en charge adaptée peut alors être mise en place. Ce schéma est beaucoup plus compliqué chez les personnes âgées. Nombre d'entre elles ne savent plus très bien communiquer. Sans les mots, elles doivent trouver d'autres moyens pour exprimer leur douleur. A l'entourage de détecter les signaux. Or les douleurs sont très fréquentes (75% des personnes âgées hospitalisées) et très peu communiquées, car en institution ou à l'hôpital, l'âge moyen est élevé (84 ans).Globalement, on estime que seule la moitié de ces sujets savent auto-évaluer leur douleur. Cette donnée est également très importante pour la prise en charge. En effet, un dosage inadapté d'un médicament anti-douleur risque d'engendrer des effets secondaires. Il existe de nombreuses échelles d'auto-évaluation, mais la plupart d'entre elles ne sont pas adaptées aux personnes âgées. Il leur est demandé une appréciation trop abstraite et la relation entre curseurs, réglette et intensité de la douleur est mal perçue. Les troubles de la mémoire entravent également la comparaison des sensations à des moments différents. Enfin, les personnes âgées ont tendance à évaluer la gêne ou le handicap plutôt que l'intensité de la douleur. La sous-évaluation ou inversement, la sur-évaluation sont fréquentes. En l'absence d'expression verbale, la douleur peut être démasquée à partir du comportement et de ses changements (réactions de défense, positions antalgiques, hostilité, atonie, pauvreté gestuelle, etc.). Des signes peuvent être perçus par l'entourage, les médecins, les aides-soignantes et les infirmières. Une fois dépistée, encore faut-il savoir la prendre en charge et contrôler l'efficacité du traitement. Il faut bien comprendre que la douleur se répercute sur l'état général du patient : dépression, désocialisation, perte d'autonomie, troubles du sommeil et de l'appétit. Ainsi, lorsque la douleur cesse, il est possible de déceler d'autres affections, lesquelles peuvent alors être traitées de façon appropriée.

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Source : Le Quotidien du médecin, 16 novembre 2005.