La dénutrition, une cause d'infections nosocomiales

En France, 600.000 personnes hospitalisées sont victimes d'une infection nosocomiale. Parallèlement, 30 à 50% des patients hospitalisés ou institutionnalisés présentent une dénutrition. Quel rapport entre ces deux constatations ? La dénutrition est un facteur de risque de la survenue d'infections nosocomiales. Selon une étude française, un patient dénutri a cinq fois plus de risque de contracter une maladie nosocomiale. Interview du Pr Xavier Hébuterne*, coordinateur de cette étude.
Sommaire

e-sante : Quelle est la relation entre dénutrition et infections nosocomiales ?

Pr Xavier Hébuterne : Dans cette étude (1), réalisée au cours de la journée nationale de dépistage des infections nosocomiales, nous avons montré que le risque relatif de développer une infection nosocomiale était multiplié par cinq chez les malades présentant une dénutrition sévère. Autrement dit, un malade dénutri à qui on a placé un cathéter, a cinq fois plus de risques de faire une infection au niveau de ce cathéter, qu'un autre malade dans le même service mais non dénutri.D'autres travaux ont suggéré la même chose, en montrant par exemple une augmentation de la durée d'hospitalisation, de la consommation d'antibiotiques ou des infections post-opératoires chez les patients dénutris. L'originalité de notre étude vient du fait qu'elle a porté pour la première fois sur une population tout-venant, non sélectionnée et hospitalisée un jour donné dans un centre hospitalier (CHU).

e-sante : Comment déterminer le risque nutritionnel du patient ?

Pr Xavier Hébuterne : L'état nutritionnel d'un malade est simple à déterminer. On peut facilement l'évaluer à partir de la perte de poids et du taux d'albumine (protéine sanguine). Il existe beaucoup de marqueurs de l'état nutritionnel. Mais, le principe est avant tout de connaître le poids actuel et le poids habituel, afin de calculer la perte de poids. Celle-ci est significative si elle est supérieure à 2% en une semaine, 5% en un mois et 10% en six mois. Ensuite, il faut calculer l'indice de masse corporelle (IMC = poids / taille au carré). Ces données, associées à un marqueur biologique comme l'albumine et/ou la transthyrétine, permettent d'obtenir une bonne évaluation de l'état nutritionnel. Quant au risque nutritionnel, il est évalué en fonction de l'âge, de la pathologie et de la consommation alimentaire.

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Source : Schneider S.M. et coll., " Malnutrition is an independent factor associated with nosocomial infections ", British Journal of Nutrition, 92 : 105-111, 2004.