Pourquoi l'infertilité est si douloureuse ?

« Quand j'ai appris que je ne pourrai pas avoir d'enfant, ça a été comme si je mourrais un peu. » Cette réaction d'Anne, 33 ans, peut paraître au premier abord complètement disproportionnée. Ne pas avoir d'enfant quand on en désire, c'est triste, mais il existe tant de personnes vraiment malades qui côtoient la mort. La stérilité ne semble pas aussi grave qu'une maladie mortelle.

Et pourtant, le sort des couples qui n'arrivent pas à avoir d'enfant nous attriste tous. Tous, y compris les médecins, qui sont parfois prêts à aller trop loin pour rendre le sourire à ces couples en souffrance.

Alors pourquoi cette situation provoque-elle autant d'empathie, souvent beaucoup plus qu'un infarctus, une sclérose en plaque, un cancer ou autre maladie difficile ?

C'est simplement que nous avons des besoins essentiels à satisfaire : le besoin de nourriture, d'eau, d'oxygène, de sommeil, de chaleur… Quand ces besoins ne sont pas satisfaits, nous mourons. Le besoin d'enfant fait, lui aussi, partie de ces besoins essentiels, même s'il se situe à un autre niveau. En effet, il y a deux manières de mourir : la première la plus évidente, c'est lorsque notre corps n'arrive plus à vivre. C'est ce qui se passe si nous n'avons pas de nourriture ou d'eau. On meurt alors de faim ou de déshydratation. La deuxième, c'est une mort plus abstraite, puisque c'est la mort de notre espèce, l'espèce humaine. Chacun porte en nous, sans en avoir forcément conscience, l'importance de se reproduire pour que notre espèce ne disparaisse pas. C'est pour cela que ce désir d'enfant est inscrit, viscéralement en nous. Et c'est pour cela que beaucoup d'humains ont le sentiment d'une catastrophe grave s'ils ne peuvent avoir d'enfant.

Ainsi, ceux qui surmontent le mieux cette peine de l'infertilité sont ceux qui savent transmettre autrement la vie, ou qui apprennent à le faire. Ils ont de cette manière le sentiment de participer à l'humanité du monde. Il peut s'agir d'artistes qui vont créer une oeuvre, de scientifiques qui vont faire progresser la recherche, de religieux qui donnent leur vie pour les autres, de personnes qui se dévouent pour une grande cause, y compris, bien sûr celle de donner de l'amour à des enfants qui ne sont les génétiquement le leurs. Car la fertilité peut se vivre autrement, et l'on peut semer des graines d'affection, d'empathie, d'encouragement, de connaissances, de beauté… aussi bien que semer des petites graines pour faire des bébés, comme on nous l'expliquait dans notre enfance.

Bien sûr, cette fertilité différente ne se découvre pas toujours facilement. Il faut souvent faire le deuil de son désir d'enfant pour le voir évoluer vers une autre richesse. Mais elle est un chemin à découvrir, à rechercher pour pouvoir penser que même sans enfant à soi, la vie vaut vraiment la peine d'être vécue.

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