Médicaments anti-cholestérol prescrits trop vite

Suite à la formulation de recommandations précises en 2000, l'assurance maladie a lancé une enquête afin de vérifier les pratiques d'instauration des traitements médicamenteux hypolipémiants. Dans le contexte d'économie actuel, il existe une regrettable déviation vers la banalisation de ces molécules.

En 2000, l'ANAES (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé) et l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé) ont formulé des recommandations afin de faciliter la prise en charge des dyslipidémies (taux de lipides sanguins anormaux). Sont-elles appliquées ? Afin de répondre à cette question, l'assurance maladie a réalisé une enquête auprès d'un échantillon représentatif de 4.000 personnes ayant débuté un traitement hypolipémiant en mars 2002.

  • L'âge moyen d'instauration du traitement hypolipémiant était de 58,8 ans.
  • Le traitement a été débuté dans le cadre d'une prévention primaire, c'est-à-dire sans antécédent coronarien aigu, pour 89% des patients.
  • Dans 88% des cas, il a été prescrit par un médecin généraliste et dans 7% des cas par un cardiologue.
  • 68% des prescriptions correspondaient à une statine, 31% à des fibrates et 0,4% à une colestyramine.
  • Les autres facteurs de risques cardiovasculaires associés étaient l'hypertension artérielle (38% des cas), le tabagisme (22%) et le diabète (12%).
  • Un tiers des patients n'avaient pas eu de détermination du LDH-cholestérol (mauvais cholestérol) avant l'instauration médicamenteuse.
  • Un tiers avaient eu une détermination du LDL, mais la valeur était inférieure à celle définie par l'AFSSAPS pour la mise en place d'un hypolipémiant.
  • Pour 53% des patients ayant suivi un régime avant la prescription d'hypolipémiant, celui-ci n'était pas conforme aux recommandations de l'AFSSAPS.
  • 31% des fumeurs n'ont pas eu d'incitation à l'arrêt.

L'assurance maladie constate ainsi que la prescription des hypolipémiants s'est fortement banalisée en prévention primaire chez des patients nouvellement traités avec un niveau de risque cardiovasculaire faible, et dépasse largement les recommandations des experts. La lutte contre le tabagisme, le recours à une diététique et à un niveau d'activité physique correct, sont des moyens très efficaces, mais insuffisamment employés.

Rappel des principales recommandations

  • Le traitement d'une dyslipidémie doit toujours débuter par l'instauration d'un régime alimentaire, la pratique d'une activité physique régulière, et le cas échéant, un arrêt du tabac et une perte de poids. Dans de nombreux cas, ces trois mesures suffisent à un retour à la normale.
  • Si après trois mois minimum de régime, celui-ci reste insuffisant, un traitement médicamenteux doit être instauré (trois classes : statines, fibrates, colestyramine). Il dépend du niveau de LDL-cholestérol et du nombre de facteurs de risque vasculaire (âge : supérieur à 45 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes, antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire, tabagisme, hypertension, diabète, faible taux de HDL-cholestérol).
  • Taux de LDL-cholestérol supérieur à 2,20g/l pour les sujets n'ayant aucun autre facteur de risque, ce seuil d'intervention pharmacologique baissant avec chaque facteur de risque supplémentaire.

Télécharger le rapport de l'enquête sur le site www.ameli.fr

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Source : Communiqué de l'assurance maladie, " Pratique de l'instaurations des traitements médicamenteux hypolipémiants en France 2002 ", décembre 2003.