Canicule et scandale

Les fortes chaleurs se sont traduites par une épidémie de décès. Même si le ministère de la Santé craint encore des décès différés, l'heure est au bilan.

Les conséquences sanitaires de la vague de chaleur sont actuellement évaluées par la Direction Générale de la Santé et l'Institut de veille sanitaire (InVs). Parallèlement, le Pr Lucien Abenhaïm, Directeur Général de la Santé, vient de présenter sa démission. L'InVs, en charge de surveiller et d'alerter en cas de menace pour la santé, n'aurait pas rempli sa mission.Dysfonctionnement ou règlement de compte ? Si juste après cette démission l'heure est encore aux polémiques, il faudrait rapidement aborder les vrais problèmes posés par cette crise sanitaire : l´organisation des soins et la prise en charge des personnes âgées. Certes, le système d´alerte sanitaire n´a pas fonctionné correctement, mais cette situation inédite en France ne serait-elle pas en train de se transformer en règlement de compte politique ?

3.000 morts

A l'aide des données aujourd'hui disponibles (décès totaux survenus dans de grands centres hospitaliers de plusieurs villes et rapportés par la brigade des Sapeurs pompiers de Paris), la dynamique de l'épidémie a été dessinée. L'augmentation des décès a priori directement ou indirectement liés à la canicule a débuté le 7 août, immédiatement suivie d'un plateau les 8, 9 et 10 août, puis d'une brusque augmentation avec un pic le 13 août. Une nette diminution a ensuite été enregistrée le 14 et s'est poursuivie les 15 et 16 août. Le 17, un retour vers le nombre de décès moyen a été confirmé. Malgré tout, ce repli de l'épidémie ne signifie pas sa fin. Des décès différés sont encore à craindre. A l'aide des données de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris concernant le nombre de décès journaliers enregistrés dans 23 de ses 33 établissements, et le nombre de mises en bière effectuées pendant la période du 6 au 12 août par les Pompes Funèbres Générales (qui ont enregistré une hausse d'activité de l'ordre 37% durant cette période), des extrapolations ont été réalisées à l'ensemble du territoire français. Le chiffre de 3.000 morts a ainsi été annoncé comme directement ou indirectement attribuable à la chaleur. Celui-ci sera ultérieurement précisé par les études épidémiologiques de l'Institut de veille sanitaire.

Prévention et recommandations

Au cas où une seconde vague de chaleur déferlerait début septembre, rappelons les recommandations du ministère de la Santé formulées le 8 août dans un communiqué de presse, ainsi que le numéro vert : 0 800 240 250, mis en service pour délivrer des conseils de prévention sur les risques de déshydratation, de coup de chaleur et de la pollution.

  • Ne jamais laisser un enfant ou une personne fragile seul dans une voiture ou une pièce mal ventilée, même pour une courte durée.
  • S'assurer, lors des déplacements en voiture, d'avoir toujours de l'eau (fraîche) à disposition immédiate.
  • Proposer régulièrement, même en l'absence de demande, des boissons fraîches aux nourrissons, aux jeunes enfants et aux personnes âgées.
  • Les nourrissons et les jeunes enfants doivent être dévêtus.
  • Ne pas les sortir entre 12 et 16 heures.
  • Lors des sorties, leur couvrir la tête.
  • Augmenter la fréquence des bains des nourrissons (à une température de 1 à 2°C en dessous de la température corporelle).
  • Pour les enfants, les nourrissons et les personnes âgées, des brumisations peuvent être utiles.
  • Sachez reconnaître les premiers signes du coup de chaleur : malaise, maux de tête, sensation de faiblesse ou de vertige, impression de fièvre... Toute apparition de ces signes, surtout chez des personnes fragiles, nécessite une mise au repos et de donner immédiatement à boire. En cas de persistance, consulter un médecin.
  • Pollution : la chaleur favorise la pollution atmosphérique. Elle irrite les muqueuses oculaires et respiratoires et peut provoquer une aggravation des pathologies respiratoires ou des maladies cardiovasculaires chroniques ainsi que des crises d'asthme. Il est donc conseillé de ne pas fumer, d'éviter tout effort physique inutile et de ne pas manipuler des substances polluantes susceptibles d'aggraver l'exposition (solvants, spray). Les personnes concernées doivent respecter leur traitement en cours et consulter un médecin en cas de gêne respiratoire inhabituelle.Des informations locales sur la pollution atmosphérique ainsi que les messages sanitaires sont disponibles auprès des associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (www.ademe.fr), des directions régionales des affaires sanitaires et sociales (www.sante.gouv.fr) et sur le serveur télématique 3615 Air Santé.
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Source : Communiqués du ministère de la Santé des 8, 11, 12, 14, 17 et 18 août 2003.