Interview : réparer un coeur après un infactus du myocarde

En juin 2000, l'équipe du Pr Alain Hagège* a réalisé une première mondiale : réparer un coeur après un infarctus du myocarde en injectant des cellules musculaires prélevées sur la cuisse du patient. Quelles sont les nouvelles avancées dans ce domaine ?
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e-sante : Votre équipe a innové le traitement des séquelles myocardiques de l'infarctus grâce à des greffes de cellules musculaires. Avec le recul actuel, pouvez-vous nous en faire le point ?

Pr Alain Hagège : Après plus de 10 années de recherches expérimentales, une première mondiale a eu lieu en France en juin 2000 : l'injection chez l'homme de cellules souches musculaires squelettiques, directement dans une zone d'infarctus cardiaque pour pallier à la perte de contractilité de cette cicatrice. A la suite de cet exploit, dix patients ont été opérés de la sorte lors d'un essai clinique de phase I (définition de la faisabilité et de la sécurité) et ont fait l'objet cette année d'une publication dans le célèbre journal international « Journal of American College of Cardiology ». Les résultats peuvent être ainsi résumés : associée à un pontage coronaire, l'injection directe de cellules musculaires prélevées à la cuisse des patients et mises en culture est faisable, avec obtention d'un très grand nombre de cellules, une absence de risque évident et une tendance à la récupération de contractilité du myocarde atteint par l'infarctus. Cette première à ouvert la voie a une large étude de phase II (analyse de l'efficacité) qui devrait recruter 300 patients en Europe et aux Etats-Unis ; dix patients ont déjà été inclus en France dans cet essai. Il s'agit d'une étude collaborative entre l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et une société américaine spécialisée dans les biotechnologies (Genzyme) avec l'aval de la Food and Drug Administration américaine. Elle devrait pouvoir démontrer, dès 2005, l'efficacité éventuelle de telles procédures.

e-sante : Quelle est la voie d'administration la plus efficace et la moins traumatisante ?

Pr Alain Hagège : Idéalement, les cellules pourraient être injectées par simple cathétérisme (ponction de l'artère au pli de l'aine) dans la zone de l'infarctus après repérage minutieux. Une telle approche s'est déjà révélée possible chez l'homme.

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