Pourquoi le sperme contient de moins en moins de spermatozoïdes
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Des effets attendus "dans 30 ans ou plus"

Et les indices en faveur d’un impact in utero des produits phytosanitaires s’accumulent. Selon le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) publié par Santé Publique France le 3 juillet 2018, depuis les années 1990, la concentration spermatique chute d’environ 2% par an et, en parallèle, l’incidence du cancer du testicule augmente de 1,52% par an et le nombre de cryptorchidies croît de 2,64% par an. De même, l’AFU constate que les cancers du testicule sont plus fréquents chez les hommes infertiles et que les pubertés précoces s’accentuent chez les petits garçons. Autant de données qui "[suggèrent] l’impact d’un certain nombre de perturbateurs endocriniens sur la fonction testiculaire". 

Un constat inquiétant, puisque les produits phytosanitaires, dont plusieurs sont suspectés ou reconnus comme des perturbateurs endocrniens sont omniprésents dans notre environnement. Les perturbateurs endocriniens sont définis comme des molécules qui miment, bloquent ou modifient l'action d'une hormone et perturbent le fonctionnement normal d'un organisme. Ils agissent donc sur le système hormonal et sur le système reproducteur d'un individu mais aussi de ses descendants sur une voire plusieurs générations. "C’est à plus long terme – dans 30 ans ou plus – que nous constaterons les conséquences de ces perturbateurs endocriniens sur nos enfants et petits-enfants. Il y a là un vrai enjeu de santé publique" selon le docteur Jean-Marc Rigot, urologue au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Lille interrogé par l’AFU.

Mode de vie et qualité du sperme

Mais les perturbateurs endocriniens contenus notamment dans les produits phytosanitaires ne seraient pas les seuls responsables de cette baisse du nombre de spermatozoïdes. Selon une étude dirigée par un chercheur de l’université hébraïque de Jérusalem (Israël) et publiée en juin 2017 dans la revue Human Reproduction, certaines habitudes de vie joueraient également un rôle. Ils citent notamment le tabagisme, le stress, le régime alimentaire et l’indice de masse corporelle (IMC). En somme, la quantité de spermatozoïdes contenus dans le sperme constituerait un bon indice de la qualité de vie de l’homme moderne.

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Source : Mais où sont passés les spermatozoïdes ? Communiqué de l’Association Française d’Urologie, Journée d’andrologie et médecine sexuelle, 6 septembre 2018
Analyse combinée des quatre indicateurs du syndrome de dysgénésie testiculaire en France, dans le contexte de l’exposition aux perturbateurs endocriniens : cryptorchidies, hypospadias, cancer du testicule et qualité du sperme. Le Moal et al. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire 2018;(22-23):452-63, Santé Publique France, 3 juillet 2018 
Pesticides – Effets sur la santé. Chapitre 17 : Fertilité et fécondabilité. Expertise collective, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) 2013 
Temporal trends in sperm count : a systematic review and meta-regression analysis. Levine et al., 28 juin 2018, Human Reproduction Update, 23(6) doi:10.1093/humupd/dmx022