Mort subite : n’ayez pas peur du défibrillateur !
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La mort subite frappe surtout dans les gares

Problème de taille, la mort subite n’a pas la politesse de survenir aux endroits où l’on a implanté un défibrillateur. Pour faire coïncider le lieu d’implantation des défibrillateurs avec celui de la survenue des morts subites, encore faut-il savoir où elles surviennent. Surprise : selon le Centre d’expertise de la Mort Subite de l’adulte (Paris) plus que le nombre d’habitants, c’est la densité de mouvements (le flux de personnes) au sein d’une zone géographique qui compte. C'est dans les grandes gares que le risque d'être victime d'un accident cardiaque est le plus important. Les gares, qui ne couvrent que 1% de la surface de la capitale, concentrent 20% de tous les arrêts cardiaques ! Une bonne raison d'y installer davantage de défibrillateurs (5).

Pr Jouven : « Il y a cinq fois plus d'arrêts cardiaques dans les gares que dans les musées, pourtant tout aussi fréquentés. Un stress psychique doublé d’un stress physique pourrait être une explication. Notre objectif avec l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) est de répartir au mieux les défibrillateurs pour qu’ils soient effectivement utilisés, non pas de façon homogène mais plus ciblée ».

« Appeler le 15, masser et défibriller », la nouvelle chaîne de survie

Les recommandations européennes* de 2015 définissent l’arrêt cardiaque comme l’état d’une « personne inconsciente qui ne respire pas ou ne respire pas de façon efficace » et estiment que désormais, le massage cardiaque n’est plus obligatoire avant l’utilisation d’un défibrillateur automatisé externe (DAE).

Dr Braun : « Alors qu’auparavant, la chaîne de survie était « Appeler les secours (le 15), puis masser puis défibriller » (suivi d’une rééducation post-arrêt cardiaque), désormais c’est : « Appeler le 15, masser ET défibriller ». Il n’est plus indispensable de masser avant de défibriller si un DEA se trouve immédiatement disponible, les deux étant sur le même plan. Le massage est à pratiquer en attendant qu’un défibrillateur soit apporté au sauveteur. L'emploi du DEA impose quand même de masser immédiatement après (sauf "ressuscitation" évidente) ».

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Source : *Resuscitation 95 (2015) 1–80 ; **www.cfrc.fr/defibrillation.php
(1) N Engl J Med 2010; 362:994-1004 ; (2) N Engl J Med 2015; 372:2307-2315 ; (3) Marijon E. et al. Eur Heart J 2013 ; (4) N Engl J Med 2015; 372:2316-2325 ; (5) Circulation AHA 114.010198
D’après des interviews avec le Dr François Braun, président du Samu-Urgences de France et le Pr Xavier Jouven, cardiologue à l’Hôpital George Pompidou (Paris) et responsable du Centre d’expertise de la Mort Subite de l’adulte (Paris).