Migraine avec aura : quand l’aura précède la crise…
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Migraine avec aura : des céphalées plutôt intenses

Les migraineux avec auras n’ont pas de profil neurologique particulier. Il existe une légère prédominance féminine après la puberté.

Avec l’âge, certains migraineux avec aura ont des céphalées de moins en moins intenses qui peuvent finir par disparaître. La céphalée d’une migraine avec aura est gradée modérée à sévère chez 90% des personnes.

"Aura" un jour, "aura" toujours ? Chez deux tiers des personnes sujettes aux migraines avec aura, une céphalée sera systématiquement présente. Cette céphalée sera le plus souvent en tous points identique à celle d’une migraine sans aura, parfois de durée plus courte.

Pour 35% environ, la présence de l’aura sera variable en fonction des crises.

Mais il est un petit nombre de migraineux (5%) qui ressentira des auras sans jamais souffrir d’aucune céphalée !

Toute variation dans les symptômes de l’aura (nature, durée supérieure à 60 minutes, installation brutale, etc.) est à signaler au médecin. Dans de rares cas, l’examen clinique et l’imagerie permettront alors de dépister des auras dites cette fois-ci symptomatiques comme un accident vasculaire cérébral, une méningite lymphocytaire, une thrombose veineuse cérébrale (caillot de sang dans une artère cérébrale) etc.

Pr Anne Ducros : « Les traitements de crise sont destinés à prévenir ou écourter la céphalée migraineuse. Un "avantage" des migraines avec aura est que la personne peut prendre une partie de ses traitements de crise (anti-inflammatoires dits non stéroïdiens ou aspirine) dès le début de l’aura et ainsi en renforcer l’efficacité. Elle attendra ensuite le début de la céphalée elle-même pour prendre un antimigraineux spécifique (triptan). Les triptans pris avant le début de la céphalée sont généralement inefficaces. D’où la séquence recommandée : un anti-inflammatoire dès le début de l’aura, et un triptan dès le début de la céphalée ».

L’aura, un facteur de risque cardiovasculaire

Les migraines avec aura constituent un facteur de risque en soi d’accident vasculaire cérébral ischémique (infarctus cérébral par défaut d’irrigation du cerveau), surtout chez la femme jeune de moins de 45 ans, avec un risque multiplié en cas de tabagisme ou une contraception de type œstroprogestative associée. Celle-ci est d’ailleurs absolument contrindiquée en cas de migraine avec aura.

Les femmes souffrant de migraines avec aura ont également un risque plus élevé de thrombose veineuse profonde (caillot de sang dans les membres inférieurs, exposant à un risque d’embolie pulmonaire) dans le cas de la prise de certaines pilules contraceptives.

Selon une étude de l'Inserm (Unité 7 08)* portant sur 27 860 femmes suivies pendant 15 ans, celles souffrant de migraines "avec aura" seraient trois fois plus susceptibles que les autres de développer une maladie-cardiovasculaire (infarctus du myocarde ou décès consécutifs à un accident cardiovasculaire)…

Ce qui est impressionnant dans cette étude est que l’aura est un facteur de risque juste après la pression artérielle élevée mais surtout devant le diabète, le tabagisme, l'obésité ou même les antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire !

Même si le nombre de femmes migraineuses avec aura qui ont une crise cardiaque ou une attaque cérébrale reste très faible, ce risque peut être réduit en adoptant une hygiène de vie correcte : bannir la cigarette, surveiller sa pression artérielle et son poids, pratiquer une activité physique et privilégier les contraceptifs progestatifs purs et les dispositifs intra-utérins.

Signaler ses auras à son médecin est essentiel.

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Source : *Kurth Tobias et al. 65e Rencontres de l'Académie américaine de neurologie, à San Diego, du 16 au 23 mars 2013
D’après un entretien avec le Pr Anne Ducros, neurologue, Hôpital Gui de Chauliac (CHU Montpellier).