Manger moins de viande : "Penser que la meilleure protéine est la viande est une idée-reçue absurde"
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Des élevages surpeuplés, des animaux infestés

E-santé : Plus largement, pourquoi les élevages intensifs en eux-mêmes représentent-ils un risque sanitaire ?

Dr Curtay : Tout d’abord parce que dans ce type d’élevages surpeuplés, tous les animaux sont immunodéprimés et infectés. Ils reçoivent donc systématiquement des antibiotiques préventifs ce qui favorise l’émergence de résistances aux antibiotiques, une véritable menace pour la santé publique.
Un autre risque sanitaire est lié à la présence des virus dans les élevages industriels : la grippe aviaire et la grippe porcine viennent initialement des élevages et l’arrivée d’une nouvelle épidémie de l’ampleur de la grippe espagnole ne peut pas être écartée !
On a vraiment besoin d’une révolution politique et on se situe actuellement dans un moment opportun : un sondage IFOP-WWF révélait en 2017 que 89% des Français étaient favorables à l’abolition de l’agriculture intensive. On sait tout ce qu’il faut faire mais on a du mal à passer le cap.

Les hommes et les femmes ménopausées n'ont quasiment pas besoin de viande

E-santé : Une des craintes qui peut ralentir le passage à une alimentation moins riche en viande est celle de manquer de protéines ou de fer. S’agit-il d’une peur fondée ?

Dr Curtay : Il ne faut pas confondre viande et protéines ! Même s’il est vrai que la viande contient des protéines complètes et tous les acides aminés essentiels que nous sommes incapables de fabriquer seuls, penser que la meilleure protéine est la viande est une idée-reçue absurde. Si on associe légumineuses et céréales on obtient la même complétude et certains aliments comme le chia, le soja ou encore le quinoa sont complètes à elles seules.
Les aliments végétaux fournissent des apports suffisants en fer mais le problème est qu’il est moins bien absorbé que celui présent dans les produits animaux. Cela peut poser problème aux femmes enceintes, aux femmes qui ont des règles abondantes et aux enfants et adolescents en pleine croissance. La solution est alors soit de faire des entorses à un régime végétarien, quelques mois seulement par exemple pour les femmes enceintes, soit d’améliorer l’absorption du fer végétal. Pour cela, il faut éviter de boire du thé vert à proximité des repas car il bloque l’absorption du fer mais aussi se complémenter en vitamine C en fin de repas pour améliorer l’absorption du fer végétal. On pourra également favoriser les aliments végétaux les plus riches en fer comme les lentilles, les haricots blancs et le soja. Mais je déconseille de prendre du fer en complément alimentaire car celui-ci est très inflammatoire pour le tube digestif, contrairement au fer de la viande qui est enveloppé dans des protéines et des fibres.
Et pas d’inquiétude, bien au contraire, pour les hommes ou les femmes ménopausées. Tous les hommes présentent un excès de fer car ils n’ont pas de règles et mangent généralement plus de viande que les femmes, à cause de l’idée-reçue selon laquelle la viande rend fort. Or le fer est un minéral inflammatoire et qui favorise la croissance des germes. Conséquence, consommer trop de viande fournit des apports excessifs en fer, ce qui augmente le risque de maladies infectieuses et dégénératives.
Enfin, le seul risque de carence dans une alimentation pauvre en viande est la carence en vitamine B12, présente uniquement dans les produits animaux. Une personne strictement végétarienne doit donc se supplémenter en B12.

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Source : Merci au docteur Jean-Paul Curtay, nutrithérapeute et co-auteur avec Véronique Magnin de l’ouvrage Moins de viande– je me fais du bien, je préserve ma planète, je contribue au bien-être animal, Editions Solar 2018. 
Sondage IFOP/WWF : les Français pour un changement de modèle agricole, Octobre 2017 
Appel pour un lundi vert, janvier 2019