Maladie de peau : et si c’était une dépression ?
Sommaire

La maladie de peau peut-être un SOS

Des exemples, le médecin en a beaucoup comme cette femme venue le voir avec des plaques rouges sur les bras. Elle a fini par lui dire qu’elle était battue dans le foyer où elle habitait mais n‘osait pas se plaindre. « L’irruption de plaques a été sa seule manière de se protéger, d’appeler à l’aide », déclare Philippe Humbert.

Il raconte aussi l’histoire de cet adolescent ayant perdu ses cheveux du jour au lendemain quand il a appris que son père avait des relations homosexuelles ou encore celle de cette dame âgée atteinte d’un prurit vulvaire qui ne se soignait pas depuis quatre ans et dont l’apparition correspondait finalement au décès de son mari. Selon Philippe Humbert, « Si vous n’interrogez les patients, vous passez à côté. Mais savoir relier une maladie de peau au cerveau ne veut pas dire que c’est dans la tête, surtout pas. Trop souvent, c’est ce que les patients s’entendent dire ».

Quand un antidépresseur est nécessaire

Une chose est de ne pas banaliser les symptômes dépressifs, une autre est de les prendre en charge. « Souvent les patients me disent “Je suis venu pour un problème de peau” et n’ont pas envie de parler d’autre chose, constate Philippe Humbert. Mais quand ils acceptent de prendre un antidépresseur -ce qui n’est pas évident car la moitié refuse au début par peur d’une accoutumance ou par sentiment de dévalorisation- la plupart du temps, leur maladie de peau s’est nettement améliorée, pour ne pas dire guérie, deux mois après alors que certains consultaient depuis dix ans sans succès ».

Ensuite, un suivi pertinent par le généraliste suffit neuf fois sur dix. Quelque fois, un accompagnement spécifique est nécessaire, c’est alors le psychiatre qui prendra le relais du dermatologue ou le pédopsychiatre pour les adolescents.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source :
Entretien avec le Pr Philippe Humbert, chef du service de dermatologie du CHU de Besançon.
7èmes Assises des Femmes Médecins « Bien dans peau pour bien soigner », Paris, 12 mars 2016.