Jamais de complément alimentaire en cas de cancer !

Pourquoi ne doit-on pas prendre de compléments alimentaires lorsque l'on a un cancer ? Est-ce aussi valable pour les antioxydants, comme ceux présents dans le thé par exemple, que l'on dit pourtant avoir des effets anti-cancers ? Explications du Dr Catherine de Goursac.

Peut-on prendre des compléments alimentaires en cas de cancer ?

Dr Catherine de Goursac : Il est interdit de donner des compléments alimentaires quand on a déjà un cancer. La raison est très simple : si vous prenez des compléments alimentaires (vitamines, antioxydants, minéraux) vous donnez à manger en priorité aux mauvaises cellules et vous favorisez ainsi la croissance et la multiplications des cellules cancéreuses.

En revanche, une fois le traitement du cancer terminé, chimiothérapie et/ou radiothérapie comprises, il est souvent nécessaire, et seulement à ce moment-là, de prescrire des compléments alimentaires. En effet, tant le cancer que ses traitements malmènent l'organisme et sont pourvoyeurs de déficits. Il est alors nécessaire de renforcer l'organisme.Il ne faut pas pour autant prendre des compléments alimentaires au hasard.

Un bilan s'impose afin de définir précisément les carences et de proposer une supplémentation ciblée adaptée. Mais surtout pas pendant un cancer !

Pourtant, on dit que les antioxydants ont des effets anti-cancers ?

Dr Catherine de Goursac : Effectivement et aujourd'hui les données scientifiques sont très nombreuses, montrant que les antioxydants sont de formidables molécules ayant des effets anti-cancers. C'est ainsi qu'on recommande par exemple la consommation quotidienne de thé vert, riche en antioxydants, pour prévenir le cancer de la prostate et les cancers en général. Mais nous sommes ici dans le domaine de la prévention, c'est-à-dire en l'absence de cancer déclaré. Inversement, lorsqu'un cancer a été diagnostiqué, il ne faut plus prendre de supplémentation en antioxydants pour ne pas favoriser le développement des cellules cancéreuses.

Dans le cas de certaines autres pathologies qui s'accompagnent d'un effet pro-oxydant élevé, les antioxydants sont très utiles et ont une action ciblée. Mais on doit judicieusement choisir le type d'antioxydants à prescrire.A noter par ailleurs que de nombreux micronutriments présentent, à des taux bas, des effets antioxydants et deviennent pro-oxydants à doses élevées. C'est le cas du bêta carotène et sans doute de la vitamine E. En d'autres termes, il ne faut pas prendre n'importe quels compléments alimentaires, ni n'importe quand.

Si l'on n'a pas de déficit, de carence bien définie et prouvée par un dosage sanguin, mieux vaut s'abstenir au risque d'avoir inversement des effets négatifs, et dans tous les cas, jamais de supplémentation en cas de cancer.

Qu'en est-il des hormones en cas de cancer ?

Dr Catherine de Goursac : C'est la même chose avec les hormones. Par exemple, la testostérone n'induit pas un cancer des testicules. Au contraire, elle protège de ce type de cancer.

En revanche, si des cellules cancéreuses sont présentes, la testostérone les alimente et favorise leur croissance. C'est la même chose pour le cancer de la prostate et le cancer du sein : les hormones sont bénéfiques en l'absence de tumeur, mais dès qu'elle est présente, les hormones aggravent la situation. Il semblerait donc que de nombreux antioxydants et hormones exercent des effets préventifs, à condition que l'on soit en bonne santé et qu'il y ait un déficit avéré. En revanche, dès qu'une tumeur apparaît, ils nourrissent les cellules cancéreuses.

Le Dr Catherine de Goursac exerce la médecine esthétique depuis plus de vingt ans. Elle est membre de la Société francaise de médecine esthétique, membre du conseil d'administration de l'Association francaise des médecins esthéticiens (AFME) (www.afme.org) et secrétaire de l'Association francaise d'anti-aging.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source : Congrès de l'Association française de médecine morpho-esthétique et anti-âge (AFME), 7-8 juin 2008, Paris.