Gastro-entérite : faut-il vacciner les nourrissons contre le rotavirus ?
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Vaccination : quel intérêt dans la gastro-entérite ?

En plus d’être fréquentes, les gastro-entérites aiguës sont potentiellement graves chez tous les nourrissons. D’où l’intérêt du vaccin pour prévenir les cas de gastro-entérites aiguës potentiellement sévères. Chaque année, en France, les gastro-entérites aiguës chez les enfants de moins de 3 ans entraînent entre 8 et 17 décès, 30 000 consultations aux urgences et 14 000 hospitalisations ! Les gastroentérites restent la première cause de mortalité infantile (en dehors de la période périnatale) dans le monde. Allemagne, Grande-Bretagne, Norvège… 15 pays européens et une centaine dans le monde recommandent la vaccination contre les rotavirus. Il existe de nombreuses souches de rotavirus (responsables de moitié des gastro-entérites) et bien d’autres virus (norovirus, adénovirus, etc) eux-aussi à l’origine de gastro-entérites.

Les vaccins disponibles ont une efficacité entre 85 et 98% vis-à-vis des gastro-entérites sévères à rotavirus, et de 85 à 95,8 % vis-à-vis des hospitalisations dues aux infections à rotavirus des nourrissons. La vaccination dans les pays industrialisés réduit le taux d’hospitalisation de plus de 80 % et confère une immunité de groupe : les personnes vaccinées protègent celles qui ne le sont pas !

Malgré ce revirement des autorités sanitaires françaises et en dépit de son absence de remboursement, les pédiatres et infectiologues français continuent de conseiller le vaccin chez les nourrissons, sous surveillance attentive. Les sociétés européennes d’infectiologie et de gastro-entérologie pédiatrique (ESPID et ESPGHAN) viennent de renouveler leurs recommandations de vacciner contre les rotavirus l’ensemble des nourrissons européens (2).

Les experts infectiologues et pédiatres réunis dans InfoVac (3) regrettent que la France fasse figure d’exception et « renonce à protéger ses nourrissons contre les rotavirus au lieu d’améliorer la prise en charge des exceptionnelles invaginations intestinales ».

Pr Tounian : « En un an, la recommandation de vacciner les nourrissons avait eu le temps de porter ses fruits, avec une réduction considérable des hospitalisations chez les moins de trois ans pour gastro-entérite sévère, dans un état de déshydratation avancé etc. L’intérêt de la vaccination antirotavirus reste important, y compris dans notre pays. Le grand enfant et les adultes conserveront probablement le bénéfice de la vaccination antirotavirus. Mais ce qui est très intéressant avec ces vaccins c’est qu’ils ont montré leur capacité à diminuer -pour des raisons encore imprécises- le nombre de gastro-entérites dues à d’autres virus que ceux de la famille des rotavirus ».

Quelle surveillance après une vaccination antirotavirus ?

Concrètement, chez les nourrissons âgés de moins de 6 mois, la vaccination contre le rotavirus se fait selon un schéma vaccinal à 2 doses (2 et 3 mois de vie) ou à 3 doses (2, 3 et 4 mois de vie) selon le vaccin. Même si le risque d’invagination intestinale aiguë est rarissime, tout symptôme inhabituel chez le nourrisson dans les quinze jours qui suivent une dose de vaccin antirotavirus doit faire consulter le médecin. Les parents doivent impérativement l’informer de la récente vaccination antirotavirus de leur enfant.

Les symptômes du nourrisson qui doivent faire consulter immédiatement sont :

  • L’enfant se met à hurler de façon inhabituelle, avec des périodes calmes (il exprime ainsi une douleur atroce avec des spasmes).
  • Un malaise.
  • Des vomissements répétés.
  • Des saignements dans les selles (rectorragies).
  • Un comportement inhabituel.
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Source : (1) Avis du Haut Conseil de la santé publique du 21 avril 2015/publié le 7 mai 2015 ; (2) Vesikari T. PIDJ 2015 ; (3) http://www.infovac.fr/
Un site pour le grand public rédigé par des professionnels de santé : www.mesvaccins.net (association loi 1901 indépendante des firmes pharmaceutiques)
D’après un entretien avec le Pr Patrick Tounian, chef du service de Nutrition et Gastroentérologie Pédiatriques, Hôpital Armand-Trousseau (Paris)