Fracture d’ostéoporose : cinq différences hommes/femmes
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L’ostéoporose "secondaire", typiquement masculine

Dans plus d’un cas sur deux, l’ostéoporose chez l’homme est consécutive à une maladie ou à la prise d’un traitement. Chez la femme, la ménopause responsable d’une carence profonde et brutale en estrogènes est loin devant les autres causes qui sont beaucoup plus rares. C’est pourquoi, encore plus que chez la femme, chez un homme et particulièrement chez un homme jeune, il faut rechercher des causes secondaires c’est-à-dire des maladies (maladies de la glande thyroïde et plus généralement des glandes endocrines, maladies respiratoires, du foie et du tube digestif, rhumatismes inflammatoires, bronchites chroniques etc.) ou des traitements (cortisone en traitement de plus de 3 mois à une dose >7,5mg/jour d’équivalent-prednisone) ayant pu détruire de façon insidieuse le tissu osseux.

Un dosage de la testostérone chez l’homme de moins de 50 ans et la recherche d’une surcharge en fer (signe de la maladie hémochromatose qui provoque une ostéoporose) peuvent être nécessaires. Mais 50% des ostéoporoses chez l’homme entre 30 et 60 ans restent inexpliquées. La génétique joue probablement un rôle dans ces ostéoporoses "primitives".

Pr Pierre Mongiat-Artus, chirurgien urologue (Hôpital Saint Louis, Paris) : « Au moment du diagnostic de cancer de la prostate, un tiers des hommes a déjà une perte de capital osseux. Or les traitements anticancéreux ne vont qu’aggraver la situation : la première ligne d’hormonothérapie provoque très rapidement une importante perte osseuse, plus sévère encore que la perte due à la ménopause (5-10 fois plus importante). De plus, tous les traitements anticancéreux ultérieurs (docetaxel, acétate d’abiratérone, enzalutamide ou cabazitaxel) sont des facteurs supplémentaires car majoritairement associés à la corticothérapie, elle-même responsable d’une perte osseuse et donc qui accroit le risque de fracture ».

L’homme, à traiter avec plus d’urgence en cas de fracture ostéoporotique

En cas d’antécédents de fracture ostéoporotique, pas d’hésitation : il faut traiter l'ostéoporose car le risque de nouvelle fracture est important. Derrière toute fracture peut se cacher une fragilité osseuse. Or, s’il est montré que les hommes sont plus susceptibles que les femmes d’être soignés dans un établissement de soins longue durée après une fracture, on pense moins souvent à les évaluer pour l’ostéoporose et même à mettre en place un traitement médicamenteux !

Sans antécédents de fracture, l’évaluation du risque fracturaire repose à la fois sur les facteurs de risque cliniques de fractures (antécédents familiaux, tabagisme, alcoolisme, indice de masse corporelle, âge, perte de taille…) * et la mesure de la densité de l’os par l’examen ostéodensitométrie. Toute diminution de la densité osseuse augmente fortement le risque de fracture et un chiffre (Tscore) inférieur à -2,5 identifie une ostéoporose chez la femme. Comme chez la femme, calculer un score de risque FRAX®** permet au médecin d’affiner le risque de fracture, mais en revanche, chez l’homme il n’existe pas de seuil validé.

Pr Cortet : « Contrairement à la femme, le seuil densitométrique à partir duquel il faut traiter un homme n’est pas non plus consensuel. Le volume osseux chez l’homme étant augmenté, il est possible qu’il faille plutôt intervenir chez lui pour une densité osseuse mesurée par un Tscore plus bas à l’ostéodensitométrie que chez la femme (en l’absence de fracture). Ainsi chez l’homme un T-score<-3 en l’absence de fracture et d’autres facteurs de risque d’ostéoporose ne nécessite pas obligatoirement la mise en œuvre d’un traitement médicamenteux. »

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Source : * www.grio.org/test-risque-osteoporose.php et **www.shef.ac.uk/FRAX/tool.jsp?country=12
1) Bliuc, JAMA 2009 301(5):513-21
Informations sur www.grio.org/documents/fiche-pratique-70-1302703056.pdf
D’après des entretiens avec les Prs Bernard Cortet, chef de service de rhumatologie (CHU de Lille) et président du GRIO (groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses) et Pierre Mongiat-Artus, chirurgien urologue (Hôpital Saint Louis, Paris)