Est-il victime de harcèlement à l’école ?
Sommaire

L’enfermement dans le silence

Surtout ne pas parler ! C’est la réaction type des victimes de harcèlement. Plusieurs raisons sont à l’origine de ce comportement. Il y a d’abord la crainte des représailles et par voie de conséquence la peur d’aggraver la situation. Pour certains, un sentiment de culpabilité, de honte («Si ça m’arrive, c’est que c’est moi qui en suis responsable») lié au désir de remonter dans l’estime de l’agresseur : «Je ne suis pas une balance.»

Le harcelé a la certitude que personne ne pourra l’aider. L’intervention des adultes ne peut, à ses yeux, qu’être une catastrophe : comme tout ce qu’il dit ou fait pour que son supplice cesse n’a aucun effet, il ne voit donc pas d’autre solution que de subir. L’intimidation de l’agresseur fonctionne d’autant mieux que les sanctions, quand, par exception, les faits sont dévoilés, sont minimes : quelques heures de colle, un blâme, au plus quelques jours d’exclusion en cas de sévices corporels. Une fois revenu, le harceleur peut reprendre ses activités en en augmentant l’intensité en guise de représailles.

Quand il n’y a pas de séparation due à des orientations scolaires différentes souhaitées ou subies pour cause de harcèlement, il n’y a pas de limites aux sévices. Des enfants et des ados sont capables de pousser très loin l’engrenage de la persécution s’ils ne sont pas arrêtés par des adultes.

Harcèlement : des sévices souvent difficiles à repérer

Souvent assimilés à du bizutage ou du racket, les brimades et les harcèlements ont ceci en commun qu’ils sont souvent invisibles pour les adultes. Toute une gamme de sévices existe, apparemment anodins, qui vont des surnoms blessants aux violences physiques (comme le flipper qui consiste à jeter alternativement la victime d’un côté et de l’autre d’un couloir), en passant par les moqueries à caractère sexuel, sexiste, raciste ou homophobe.

Isabelle, en classe de seconde avec deux ans d’avance raconte qu’on lui fauchait son cartable pour le mettre dans les toilettes, en la traitant de «chienne d’intello». Ses jolis cheveux longs semblaient particulièrement inspirer ses agresseurs : elle avait droit au crachat de chewing-gum et tentative de lui brûler sa chevelure par derrière, chevelure dont on lui arrachait constamment l’élastique. Julien, élève de 5e, surnommé pendant plusieurs mois à cause de sa coiffure hérissée «balai à chiottes» s’est vu un jour traîné dans les toilettes, enfoncé la tête dans la cuvette dont ses agresseurs ont tiré la chasse.

Grâce aux progrès des nouvelles technologies, pour les plus âgés, les rumeurs qu’on fait circuler sur Face book sont un moyen efficace et anonyme de démolir un camarade.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source : Côté Santé
Harcèlement et brimades entre élèves, de Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette, Éditions Fabert, 20 €.