Enurésie de l’adolescent : on ne lâche rien !

Vers l’âge de 17 ans, plus personne ne devrait souffrir d’énurésie nocturne. En théorie ! Si elle touche 10% des 5-7 ans et guérit spontanément au rythme de 1% par an, dans les faits, l’énurésie peut persister chez 1 à 2% des adultes. Pas question de céder au découragement pour autant.
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Enurésie de l’adolescent, quand s’inquiéter ?

Dans l’énurésie nocturne primaire isolée (Enpi) -la plus fréquente- la personne qui fait « pipi au lit » n’a jamais acquis un contrôle mictionnel (pour uriner) nocturne sans traitement pendant au moins six mois. Vers l’âge de 5 ans, 85% de la population sait se retenir la nuit (« contrôle mictionnel nocturne »). Plus on avance en âge, plus le risque que l’énurésie soit sévère (>3 accidents/semaine) est grand. Et 2,5% des personnes jusqu’à 40 ans souffrent encore de ce type d’incontinence urinaire.

Dr Henri Lottmann, chirurgien urologue (hôpital Necker-Enfants malades, Paris) : « Chez les adolescents et jeunes adultes il y a les énurésies rebelles jamais traitées de façon appropriée, les énurésies négligées car pas forcément gênantes et les énurésies réfractaires où il y a eu une démarche thérapeutique appropriée, mais qui a échoué. Peu importe les prises en charge antérieures, il faut alors tout reprendre à zéro ».

Les 6 causes d’une énurésie de l’adolescent et du jeune adulte

Plusieurs facteurs entrent en jeu dans l’énurésie et sont parfois associés :

  • Une polyurie (urines abondantes) nocturne est la cause la plus fréquente (70% des énurésies nocturnes primaires isolées). Chez les adolescents énurétiques, elle peut être favorisée par de mauvaises habitudes comme la prise excessive de thé, ou de café qui entraîne une hyperexcitabilité du muscle vésical avec des envies d’uriner (mictions) fréquentes et de petit volume. De plus, alors qu’en général la diurèse (production d’urine) chute la nuit sous le contrôle d’un pic de sécrétion d’une hormone (l’ADH), chez les énurétiques ce pic de sécrétion n’existe pas. La vessie est alors « débordée ».
  • Une faible capacité vésicale. Malgré la chute de la production d’urine la nuit, environ 30% des énurétiques ont une capacité insuffisante de leur vessie (< 70% de la capacité vésicale normale).
  • L’absence de perception du remplissage de la vessie. Plutôt qu’un sommeil trop profond, il y a chez les énurétiques une perturbation du seuil d’éveil, qui ne leur permet pas de percevoir le trop-plein de leur vessie. Comme le disent les parents, ils sont « durs à réveiller ».
  • L’obstruction des voies aériennes supérieures comme le syndrome des apnées du sommeil et le ronflement sont source de polyurie et donc éventuellement d’énurésie.
  • L’énurésie est parfois héréditaire. Faire « pipi au lit » est plutôt masculin (3 garçons pour 1 fille). Il y a aussi un facteur héréditaire : le risque est de 40% si l’un des deux parents était lui-même énurétique et 70% si les deux parents l’étaient.
  • Les troubles psychiques ne sont pas plus fréquents chez les adolescents et jeunes adultes souffrant d’énurésie primaire. Néanmoins, 20% des enfants énurétiques ont un « déficit de l’attention avec hyperactivité » (TDHA), dont les deux composantes (hyperactivité et trouble de l’attention, plus discret) sont à rechercher.
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Source : D’après un entretien avec le Dr Henri Lottmann, chirurgien urologue - service chirurgie viscérale pédiatrique de l’hôpital Necker-Enfants malades (Paris)