Deuil : Comment parler de la mort aux enfants
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PE. : Les enfants peuvent-ils avoir peur de la mort ?

F. C.-H. : Là encore, tout dépend de l'enfant. Certains auront peur de la mort, d'autres non. Il y a des enfants qui disent qu'ils ne veulent pas grandir parce qu'ils ont peur de mourir. Ils ont peur de grandir parce que cela signifie également que leurs parents vieillissent et donc par conséquent, qu'ils vont mourir un jour. Le mieux serait de demander : " Qu'est-ce qui te fait peur ? ", " Pourquoi as-tu peur ? "... Et c'est à partir de leurs réponses que l'on peut essayer de comprendre et donc de répondre à leurs craintes. À n'importe quel âge, ils peuvent avoir ce que l'on appelle des " angoisses de mort ", mais c'est autre chose.

PE. : Comment un enfant peut-il se reconstruire après la mort d'un proche ?

F. C.-H. : Il y a bien eu un bouleversement intérieur mais rien n'a vraiment été détruit. Les enfants ont une très grande capacité de récupération. Cette récupération va dépendre de la proximité qu'entretenait l'enfant avec la personne décédée. Si c'est l'un de ses parents, il est évidemment beaucoup plus atteint que si c'est quelqu'un de plus éloigné. S'il s'agit de l'un de ses grands-parents, l'enfant l'acceptera plus facilement, car il s'agira pour lui de l'ordre naturel des choses. Mais cette capacité à se débrouiller intérieurement va aussi dépendre de l'âge de l'enfant, de l'impact que cette mort va avoir sur lui et de la façon dont l'entourage va l'accompagner.

PE. : Justement, comment les parents peuvent-ils accompagner un enfant dans ce genre d'épreuve ?

F. C.-H. : C'est la capacité de l'entourage de l'enfant à faire face qui va l'aider à avancer, à faire son deuil. L'enfant doit toujours sentir qu'il a la possibilité d'en parler s'il le souhaite, qu'il a autour de lui des adultes qui sont capables de prendre de la distance par rapport à ce décès. Ils doivent donc être auprès de l'enfant, lui poser quelques questions, savoir ce qu'il en pense et comment il prend les choses. S'ils remarquent des problèmes de sommeil, d'alimentation ou de comportement à l'école, ils doivent s'assurer que l'enfant ne déprime pas. Dans certains cas, les petits manifestent très vite le besoin de reprendre leurs jeux, de retourner à la " vie d'avant ". Cette attitude choque parfois les adultes mais elle est normale. Les enfants n'ont pas les mêmes réactions. Il est toutefois important de préciser que lorsque l'on est parent, on ne peut pas tout faire et qu'il est parfois nécessaire d'aller consulter un tiers, quelqu'un qui soit en dehors de cette histoire-là.

PE. : Lorsqu'une personne est sur son lit de mort, faut-il envoyer l'enfant lui dire adieu ?

F. C.-H. : Cette question est compliquée. Cela dépend dans un premier temps de l'endroit où se trouve cette personne. Ce n'est pas la même chose pour un enfant si elle est chez elle ou si elle est à l'hôpital. On ne sait jamais ce que l'enfant perçoit.

Une visite à l'hôpital peut s'avérer extrêmement impressionnante pour un enfant, surtout si le malade est sous perfusion, plein de tuyaux... Cela va également dépendre pour le parent de ce qu'il connaît de son enfant et de la capacité de celui-ci à faire face. Si les parents ressentent que leur enfant est trop petit, trop fragile ou trop angoissé, il est préférable qu'il n'y aille pas. Ou alors, les parents doivent l'accompagner pour veiller à ce qu'il n'assiste pas à une scène traumatisante.

PE. : Vous n'évoquez là que des cas dans lesquels le proche décède de vieillesse. Mais est-ce plus difficile à accepter pour l'enfant s'il est confronté à une mort non naturelle ?

F. C.-H. : Bien sûr. On n'est alors plus dans l'ordre naturel des choses. Des sentiments d'angoisse et de culpabilité peuvent naître chez l'enfant : " Ce n'est pas juste, comment aurait-il fallu faire "... Mais l'inquiétude des parents va jouer également. S'ils sont anxieux ou angoissés, l'enfant va le sentir. Ils vont avoir tendance à le surprotéger et le risque est qu'ensuite, l'enfant perde son sentiment de sécurité. Il risque de devenir très anxieux lui aussi. Les enfants sont comme des éponges, ils attrapent tout ce qui passe comme disait Dolto.

À lire...

Si on parlait de la mort, Catherine Dolto, Colline Faure-Poirée et Frédérick Mansot, Gallimard Jeunesse Giboulées.

La vie et la mort, Brigitte Labbé et Michel Puech, Milan Jeunesse.

Les questions des tout petits sur la mort, Marie Aubinais, Bayard Jeunesse.

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Source : Psychoenfant