Crise d’asthme, allergies et maladies respiratoires… c’est aussi une affaire de pollution atmosphérique
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Changement climatique et pollution atmosphérique : tout bénéfice pour les allergènes !

Dr Isabella AnnesiMaesano, directeur de recherches et directrice de l’équipe de recherche « Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires » (INSERM) : « En cinquante ans, le nombre d'allergiques a été multiplié par vingt. La pollution atmosphérique et les variations climatiques qu’elle engendre se répercutent sur les plantes et arbres allergéniques –producteurs de pollens- favorisant les rhinites allergiques (30% de la population en souffre) mais aussi l’asthme ».

En voici les raisons :

  • Une modification des zones géographiques de certaines plantes allergisantes.

Certaines « migrent » vers le nord comme le hêtre. Les projections de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) le voient même s’implanter dans la région lilloise vers 2100. Pour sa part, l’olivier a envahi déjà de nombreuses régions françaises où auparavant il n’existait pas.

  • Une période à risque allergénique plus précoce et plus durable.

Non seulement la saison de pollinisation débute plus tôt dans le calendrier mais dure plus longtemps, laissant peu de répit aux malades. Par exemple, pour les graminées, la saison démarre en moyenne une dizaine de jours plus tôt (depuis une vingtaine d’années) et a gagné deux semaines de plus.

  • Une production d’allergènes plus importante pour une même plante ou arbre.

C’est dû au stress engendré par certains facteurs climatiques comme l’humidité ou la pollution atmosphérique. Le contenu allergénique des pollens varie considérablement, d’un facteur 1 en Finlande à un facteur 5 au Royaume Uni en moyenne entre 2009 et 2011.

  • L’aggravation de l’asthme en cas d’orages.

Par un effet électrique, ces événements extrêmes liés au changement climatique parviennent à rompre les pollens et donc à libérer une sous-partie particulièrement allergénique dont la taille est de l’ordre du micron. Extrêmement petits, ils pénètrent davantage dans les voies aériennes profondes, provoquant une « crise d’asthme à l’orage » chez des patients habituellement rhinitiques, et même des épidémies d’exacerbations de crises graves chez les asthmatiques, avec un afflux de malades aux urgences.

  • Les moisissures nous envahissent !

Inondations, humidité accrue sont le terrain de prédilection des moisissures qui favorisent l’asthme et de pathologies respiratoires graves (infections, alvéolites qui sont une inflammation des alvéoles pulmonaires) surtout chez les personnes immunodéprimées.

  • Toujours en lien avec des évènements climatiques extrêmes plus fréquents, les tempêtes, transportent les pollens sur de longues distances, ceux du bouleau ont été suivis sur plusieurs milliers de kilomètres.

Au final, le changement climatique et l’exposition aux polluants aura une grande influence sur les inégalités en santé (2). Déjà, les ménages défavorisés sont exposés à une plus grande concentration de polluants (de 20% en plus) (3). Les populations les plus vulnérables seront les premières touchées par les plus fréquents ouragans, inondations ou sécheresse et leurs nombreuses conséquences (maladies diarrhéiques, prise en charge de maladies chroniques, infections etc.).

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Source : (1) Filleul L et al. Twenty five year mortality and air pollution: Results from the french PAARC survey. Occup Environm Med 2005 ; 62 : 453-60.
Mathilde Pascal et coll. BEH/InVS N° 38-39 | 24 novembre 2015 Changement climatique et santé : nouveaux défis pour l’épidémiologie et la santé publique ; (3) selon l’EHESP – Ecole des Hautes Etudes En Santé Publique.
D’après des entretiens avec le Dr Isabella AnnesiMaesano, directeur de recherches et directrice de l’équipe de recherche « Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires » (EPAR, UMR-S 1136 IPLESP, Inserm/UPMC), coordinatrice du projet européen HEALS (Health and Environment-wide Associations based on Large population Surveys) et le Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil et Président de la Fédération Française de Pneumologie