La chirurgie de l’obésité pour mieux soigner le diabète de type 2
Sommaire

Prédire la disparition du diabète après chirurgie de l’obésité

L’équipe française du Pr Pattou (Lille) est l’une des pionnières dans l’étude des liens entre chirurgie de l’obésité et diabète de type 2. Elle coordonne l’étude "DIRECT" présentée à l’EASD 2016 (2) qui testait des modèles mathématiques pour prédire les chances de rémission de diabète d’une personne diabétique de type 2 grâce à la chirurgie bariatrique (ici la technique du bypass roux en Y). L’idée est de pouvoir interrompre le traitement en toute sécurité et de ne pas le poursuivre lorsqu’il n’est plus nécessaire. En fonction de quatre paramètres avant l’opération (valeur de l’HbA1c, le peptide C à jeun, le traitement par insuline et le nombre d’autres médicaments hypoglycémiants), ils sont parvenus à construire un modèle qui estime la probabilité de rémission à trois mois. Un argument supplémentaire lorsque l’option chirurgicale est discutée.

La chirurgie bariatrique devient l’un traitement du diabète de type 2

Impensable il y a quelques années à peine, la chirurgie métabolique s’impose de plus en plus comme un traitement du diabète de type 2 chez les personnes obèses en échec vis-à-vis de l’HbA1c avec les traitements conventionnels. Mais il est temps d’aller plus loin. En juin dernier, 45 sociétés savantes internationales dont la Société Francophone du Diabète ont publié leur prise de position concernant les indications de la chirurgie métabolique (3) : selon elles, les preuves de son bénéfice dans le diabète de type 2 sont telles que la chirurgie bariatrique doit désormais faire partie des possibilités thérapeutiques et envisagée en cas de diabète très déséquilibré (au-delà de 8% d’Hba1c), dès un IMC supérieur ou égal à 30 kg/m2 (surpoids), en cas d’échec des médicaments antidiabétiques oraux et injectables. Elle est même "recommandée" lorsque l’IMC est supérieur ou égal à 40 kg/m2.

En France, la situation va probablement évoluer mais pour l’instant, les indications de la chirurgie bariatrique restent celles définies en 2009 par la Haute Autorité en Santé, à savoir un IMC supérieur ou égal à 40 ou à 35 kg/m2 avec des comorbidités dont le diabète. Rien qu’avec ces seuls critères, depuis 2006, le nombre d’interventions a triplé (près de 47 000 en 2014 ; PMSI 2014).

Pr François Pattou : « Il faut désormais considérer la chirurgie de l’obésité comme une chirurgie métabolique, parmi les autres possibilités thérapeutiques. C’est un traitement puissant qui permet de mieux soigner le diabète lorsqu’il est associé à une obésité, même légère. D’ailleurs l’IMC de la majorité des diabétiques de type 2 se situe entre 30 et 35 kg/m2 (obésité modérée). Ils doivent avoir la possibilité, lorsque les traitements classiques ne permettent pas d’équilibrer leur diabète, d’accéder à la chirurgie métabolique. Cette chirurgie ne guérit pas le diabète mais constitue un outil thérapeutique supplémentaire pour mieux traiter les cas les plus sévères ».

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source : (1) Björn Eliasson et al. Lancet Endocrinol 29 sept 2015 ; (2) Gassenhuber J et al. Prediction of diabetes remission after gastric bypass, a direct study || ePoster #599 ; (3) Diabetes Care 2016;39:861–877
Depuis le congrès EASD 2016 à Munich (12-16 septembre 2016) et un entretien avec le Pr François Pattou, chef du service de chirurgie Générale et Endocrinienne, CHRU Lille, Inserm U859 - Biothérapies du Diabète, Univ. Lille Nord)