Césarienne, une mode au mépris du danger
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Douleur

' Auparavant, les femmes subissaient. Aujourd'hui, elles sont dans le "ce que je veux comme je veux" et profitent des avancées médicales, souligne Élisabeth Darchis, psychologue clinicienne en maternité.

C'est un peu comme si elles souhaitaient échapper à leur condition féminine, à tout ce que leurs grands-mères ont pu subir, en refusant d'enfanter dans la douleur. Alors elles programment leur accouchement en sachant qu'en une heure, ce sera fait. ' Une démarche qui s'inscrit en tout cas dans l'ère du temps, où chaque minute est précieuse, où le passage sans transition de la préparation du repas à la vérification des devoirs devient une norme, où la femme doit remplir tous les rôles à la fois et s'y montrer efficace.

' Pourtant, s'étonne à demi Sophie Gamelin-Lavois, consultante en périnatalité, la césarienne est un acte chirurgical qui comporte des séquelles, elles aussi douloureuses (cicatrice, immobilité) comme à la suite de toute opération, et plus durables que des contractions… '

Beauté

De toute façon, ici, outre la douleur, de multiples facteurs sont souvent évoqués. ' Beaucoup de femmes que je rencontre et qui souhaitent recourir à la césarienne sont très déterminées, nous raconte Erika Teissière, psychologue clinicienne au service de gynécologie du CHU Poissy-St-Germain. Certaines veulent vivre pleinement leur maternité tout en conservant leur intégrité physique et sexuelle. ' D'autres craignent les descentes d'organes ou les déchirures. ' La déchirure est un risque, acquiesce Élisabeth Darchis. Mais l'épisiotomie se répare vite et les déchirures n'altèrent pas la beauté et n'empêchent pas la sexualité. Seulement, le vrai problème, je crois, c'est que nous vivons dans une société où l'intimité est de plus en plus exposée ; on veut l'entretenir, la maîtriser. On voit même des femmes qui, quelques semaines après avoir accouché, se font refaire entièrement le vagin à coup de chirurgie esthétique. Elles veulent tout, tout de suite, sans laisser faire le temps. ' Et l'experte de conclure : ' psychologiquement, mettre au monde par voie basse, en plusieurs heures, permet d'investir plus facilement l'accouchement. Avec la césarienne, bien que les choses se passent plus rapidement, la mère met plus de temps à comprendre ce qui se passe, à réaliser qu'elle devient mère. '

* Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques

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Source : Psychoenfants, janvier 2009.